J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 24 oct. 2023 02:22

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Michael Mantler / Carla Bley – 13 & ¾ - (1975)

Voici le troisième du label, « WATT/ 3 », un album que l’on pourrait qualifier de « partagé » entre les deux membres du couple. La première face, « 13 » est celle composée et dirigée par Michael Mantler, et l’autre, « ¾ » par celle de Carla Bley, bien que chacun participe à l’œuvre de l’autre. Rien n’est évidemment conflictuel et tout est partagé, y compris la galette qui nourrit chacun des compositeurs.

Le danger serait de ne considérer que la seconde partie et de ne voir que Carla, vu qu’elle attire naturellement toute la lumière. Michael est lui du genre travailleur, comme Carla, mais avec, peut-être, un côté fastidieux, besogneux, du genre à se perdre dans les détails et obsédé par le souci de ne rendre qu’une copie parfaite.

« 13 » est tendue, un peu monstrueuse avec ses cinquante-sept membres, un orchestre symphonique, énorme ! On trouve encore plus de participants si on regarde la pochette arrière et les photos associées aux différentes sections où soixante et onze sont ainsi regroupés !

La tension habite la pièce de son début à la fin, elle s’organise minutieusement, avec des sections de cordes, de anches, de cuivres et d’autres encore, chacun suit les ordres millimétrés de la baguette, et l’auditeur attentif sera subjugué par cette montée dramatique dont Carla lance le point culminant en frappant les accords de son clavier, signal de l’apothéose finale, c’est tout simplement dantesque, une œuvre majeure de Michael Mantler qui n’en restera pas là !

Alors que la première face est souvent dédaignée, celle consacrée à Carla est, elle, magnifiée. Seulement dix-huit au départ, petit bras mais quelle facilité, quelle aisance ! Par contraste la pièce semble plus féminine, légère, on y entend le piano de Carla qui dialogue avec les autres sections de la formation. On y entend ce qui caractérise déjà le style de la musicienne, le don pour l’écriture des mélodies, l’attrait pour le minimalisme et la répétition ainsi que pour ces airs qui rappellent la musique de Kurt Weil et l’esprit « cabaret ».

On entend également ici une influence un peu « classique » en même temps que quelques accords « free » qui donnent un côté moderne à la composition. La pièce est plus facile d’accès que celle proposée sur l’autre face, mais elle comporte également son côté sombre. Il se raconte que lors de la première en live, c’est Keith Jarrett qui tenait le piano, dommage qu’il n’existe pas d’enregistrement !

Pour finir, me voilà un peu piégé pour donner mon avis car l’album est tout simplement extraordinaire, bien qu’appartenant au genre symphonique, on y entend un jazz très élaboré qui pourrait évoquer le Jazz Composer’s Orchestra dont les deux sont membres, par ailleurs.

Malgré sa perfection il n’entre pas souvent dans les premiers à acquérir, d’autres sont probablement plus significatifs, il y a le « split » également qui catalogue celui-ci dans les trésors un peu cachés de la discographie de Carla Bley, et pourtant, quel trésor !

Michael Mantler - 13 for Piano and Two Orchestras


Carla Bley - 3/4, For Piano And Orchestra
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par whereisbrian » mar. 24 oct. 2023 10:12

Tu vois, je ne connaissais pas.
A rapprocher de celui-ci:

The Hapless Child And Other Incrustable Stories

Avec un Terje Rypdal fou

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 24 oct. 2023 15:15

whereisbrian a écrit :
mar. 24 oct. 2023 10:12
Tu vois, je ne connaissais pas.
A rapprocher de celui-ci:

The Hapless Child And Other Incrustable Stories

Avec un Terje Rypdal fou

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Tout à fait d'accord, cet album a été autrefois, sur notre site, une des belles pages de l'adls !
J'essaierai d'en parler un peu sur ces pages consacrées à Carla Bley...
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 24 oct. 2023 16:48

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Sun Ra – Solo Piano - Volume 1 - (1977)

Lors de sa période Free et de ses grands messes théâtrales, faites de danses païennes en costumes exotiques ou tribaux, Sun Ra prenait volontiers le temps d’expérimenter des solos plus ou moins digestes pour les auditeurs, avec ses moogs, ses orgues électriques, ses pianos trafiqués ou même avec des jouets.

L’heure était à la recherche, à l’innovation et aux remises en cause de tout ce qui semblait établi et gravé dans le marbre. Sun Ra s’était inscrit alors dans le camp de la modernité, du risque et de la musique expérimental. Vieux sage, il savait parfaitement ce qu’il faisait, où il allait, le but était connu, le chemin lui-même était l’objectif, la musique jouée, sa trace…

Pour beaucoup il apparaissait comme une sorte de génie exotique, pas tout à fait sérieux, guru d’une secte joyeuse. Même le public rock lui a fait la fête, s’émerveillant devant la douce exubérance et la transe qui se manifestait lors des concerts. Mais, au fait, sait-il seulement jouer ce bruiteur impénitent ?

La question est évidemment provocatrice, quiconque connaît le passé du bonhomme connaît aussi la réponse à la question. Que l’on songe que l’on vient de publier un coffret de 14 CD avec des enregistrements de Sun Ra en tant que pianiste, compositeur et arrangeur entre 1921 et 1959 !

Il reste vrai qu’il s’est peu aventuré dans l’exercice du piano solo, tout investi qu’il était dans son grand œuvre musical que représentait l’Arkestra. Nous sommes là en présence de deux magnifiques albums, en effet il y a également un vol.2

Sun Ra parcours l’histoire pianistique du jazz, il joue du piano stride comme on en jouait à Harlem en 1919, une fois que le ragtime était passé de mode, un peu comme aimait à le faire Thelonious Monk himself, il joue également les standards et en fait une relecture moderne et avant-gardiste, comme sur "Sometimes I Feel Like A Motherless Child", il joue aussi ses propres compositions , elles aussi souvent ancrées dans l’histoire du piano, la main gauche jouant une partie de basse tandis que la droite inscrit puis développe le thème…

C’est donc un fort beau voyage qui nous est proposé là (héhé !) oui, mais un voyage autant dans le passé que dans l’avenir, les deux se mélangeant avec bonheur.

Les amateurs de piano solo se régaleront…

Sometimes I Feel Like A Motherless Child - Sun Ra (solo avec six titres en enfilade)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 25 oct. 2023 02:30

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Carla Bley – Dinner Music – (1977)

Et voici le Watt/6, « Dinner Music » avec Carla qui met la toque de chef de band et nous propose un repas complet en huit étapes, autant de plats cuisinés amoureusement, de magnifiques pièces instrumentales qui régalent, et même Carla qui pousse la chansonnette sur le superbe « Dining Alone » qui clôt la première face.

De la simplicité mais du monde aussi, des invités de qualité, Roswell Rudd vraiment à l’honneur ici, souvent mis en avant, comme sur « Song Sung Long » par exemple, mais qui s’en plaindra ? J’ai vu quelques années plus tard Carla sur scène, et elle gardait toujours une place pour les solos de trombone, souvent mis en vedette, et je peux témoigner que le public se levait alors, avec enthousiasme…

Carlos Ward est aux saxs et à la flûte, Michael Mantler à la trompette, Bob Stewart au tuba, il y a même Eric Gale à la guitare sur trois titres ! Carla joue de l’orgue et un peu de piano, c’est Richard Tee qui s’y colle le plus, libérant Carla pour l’organisation du repas… Avec Tee et Gale on a déjà deux membres du groupe "Stuff", les autres arrivent, Cornell Dupree à la guitare, Gordon Edwards à la basse et Steve Gadd à la batterie.

On a droit à « Ida Lupino » que Carla écrivit pour son premier mari, Paul Bley, qui l’enregistra en soixante-six pour son trio, sur l’album « Closer » qui parut chez ESP. Il y a également une reprise de « Funnybird Song » extrait du premier album « Tropic Appetites », décidément on ne quitte pas la table… Je ne peux pas tout citer, mais ici il n’y a pas de restes, ni de plat ne serait-ce que « bon », ici tout se déguste en cinq étoiles, entre amis réunis autour du même plat partagé…

Les projets ambitieux et la folie des grandeurs est mise de côté, pour un retour à la simplicité, symbolisée par cette cuisine où l’on voit Carla déposer un plat dans un four, avec un sourire complice. Le haut niveau de perfection atteint sur les albums précédents fait place à une bonhommie souriante, pour un album gourmand, mais délicat…

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Carla Bley - Ida Lupino


Carla Bley - Dining Alone


Carla Bley - Song Sung Long


sing me softry of the blues / carla bley
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Harvest » mer. 25 oct. 2023 07:05

Douglas a écrit :
ven. 20 oct. 2023 19:01
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Sun Ra And His Intergalactic Research Arkestra – It's After The End Of The World - Live At The Donaueschingen And Berlin Festivals - (1971)

Pochette d'après un détail du Jardin des délices de Jérôme Bosch.

Cet album a été enregistré à la suite de la tournée Européenne commencée en France à Saint Paul de Vence. Voici un condensé de deux concerts joués en Allemagne au Donaueschingen Music Festival et au Berlin Jazz Festival, les 17 octobre et 7 novembre 1970. Très longtemps il a été sans doute le plus populaire de ses albums, bien distribué, il participera pour beaucoup à la renommée de" Mister Mystery".

Le temps passant et l'accès à la pléthorique discographie de Sun Ra se facilitant, cet album est un peu rentré dans le rang. Pourtant c'est un de ses meilleurs enregistrements de cette époque, en public, très dense, très free, il met particulièrement en valeur l'extraordinaire qualité des musiciens qui l'accompagnent, pas seulement Alan Silva en Guest Star mais aussi les merveilleux solistes qui sont là et qui auraient pour la plupart pu faire une éblouissante carrière solo, comme John Gilmore, Pat Patrick ou Marshall Allen...

C'est de la Great Black Music dans la lignée du jazz le plus débridé, mais pas d'agressivité ici, la folie est balisée, on vous invite au voyage, il faut se laisser porter et tout se passera bien...

Ah! encore un détail qu'il faut connaître, si on change la galette, il fait partie des disques auxquels il est difficile de trouver un successeur à mettre sur la platine, le silence et quelques pas, c'est ça l'effet Sun Ra !

Sun Ra And His Intergalactic Research Arkestra ‎- It's After The End Of The World (1970) FULL ALBUM
Ce disque est fabuleux. Un des premiers de Sun Ra que j’ai acquis à la fin des années 70. Bien plus tard une édition double CD a été publiée. Tout aussi indispensable.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Harvest » mer. 25 oct. 2023 07:13

Douglas a écrit :
mar. 24 oct. 2023 02:22
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Michael Mantler / Carla Bley – 13 & ¾ - (1975)

Voici le troisième du label, « WATT/ 3 », un album que l’on pourrait qualifier de « partagé » entre les deux membres du couple. La première face, « 13 » est celle composée et dirigée par Michael Mantler, et l’autre, « ¾ » par celle de Carla Bley, bien que chacun participe à l’œuvre de l’autre. Rien n’est évidemment conflictuel et tout est partagé, y compris la galette qui nourrit chacun des compositeurs.

Le danger serait de ne considérer que la seconde partie et de ne voir que Carla, vu qu’elle attire naturellement toute la lumière. Michael est lui du genre travailleur, comme Carla, mais avec, peut-être, un côté fastidieux, besogneux, du genre à se perdre dans les détails et obsédé par le souci de ne rendre qu’une copie parfaite.

« 13 » est tendue, un peu monstrueuse avec ses cinquante-sept membres, un orchestre symphonique, énorme ! On trouve encore plus de participants si on regarde la pochette arrière et les photos associées aux différentes sections où soixante et onze sont ainsi regroupés !

La tension habite la pièce de son début à la fin, elle s’organise minutieusement, avec des sections de cordes, de anches, de cuivres et d’autres encore, chacun suit les ordres millimétrés de la baguette, et l’auditeur attentif sera subjugué par cette montée dramatique dont Carla lance le point culminant en frappant les accords de son clavier, signal de l’apothéose finale, c’est tout simplement dantesque, une œuvre majeure de Michael Mantler qui n’en restera pas là !

Alors que la première face est souvent dédaignée, celle consacrée à Carla est, elle, magnifiée. Seulement dix-huit au départ, petit bras mais quelle facilité, quelle aisance ! Par contraste la pièce semble plus féminine, légère, on y entend le piano de Carla qui dialogue avec les autres sections de la formation. On y entend ce qui caractérise déjà le style de la musicienne, le don pour l’écriture des mélodies, l’attrait pour le minimalisme et la répétition ainsi que pour ces airs qui rappellent la musique de Kurt Weil et l’esprit « cabaret ».

On entend également ici une influence un peu « classique » en même temps que quelques accords « free » qui donnent un côté moderne à la composition. La pièce est plus facile d’accès que celle proposée sur l’autre face, mais elle comporte également son côté sombre. Il se raconte que lors de la première en live, c’est Keith Jarrett qui tenait le piano, dommage qu’il n’existe pas d’enregistrement !

Pour finir, me voilà un peu piégé pour donner mon avis car l’album est tout simplement extraordinaire, bien qu’appartenant au genre symphonique, on y entend un jazz très élaboré qui pourrait évoquer le Jazz Composer’s Orchestra dont les deux sont membres, par ailleurs.

Malgré sa perfection il n’entre pas souvent dans les premiers à acquérir, d’autres sont probablement plus significatifs, il y a le « split » également qui catalogue celui-ci dans les trésors un peu cachés de la discographie de Carla Bley, et pourtant, quel trésor !

Michael Mantler - 13 for Piano and Two Orchestras


Carla Bley - 3/4, For Piano And Orchestra
Beau disque, ambitieux musicalement mais déroutant au premier abord. De larges mouvements orchestraux, proche d’une certaine musique contemporaine.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 25 oct. 2023 16:11

Harvest a écrit :
mer. 25 oct. 2023 07:05

Ce disque est fabuleux. Un des premiers de Sun Ra que j’ai acquis à la fin des années 70. Bien plus tard une édition double CD a été publiée. Tout aussi indispensable.
Il faudrait que je me procure ce double Cd très prometteur du coup!
Harvest a écrit :
mer. 25 oct. 2023 07:13

Beau disque, ambitieux musicalement mais déroutant au premier abord. De larges mouvements orchestraux, proche d’une certaine musique contemporaine.
Je l'ai bien réécouté avant de faire ce post et c'est la partie de Mike Mantler qui m'a vraiment ébouriffé, alors que dans mon souvenir c'était l'autre, mais je me retrouve dans tes commentaires...
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 25 oct. 2023 16:18

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Sun Ra And His Arkestra – The Other Side Of The Sun (79)

Un disque bien sage de la part du vieux Céleste, du be bop - hard bop revisité, les deux premiers morceaux sont classiques dans la forme, ils respirent la joie et la sérénité. « Space is the Place » fait place (donc) à une belle improvisation chantée par June Tyson et Sun Ra himself qui se laissent dériver au rythme des percussions de l’Arkestra, quelques envolées de sax, guitare et cuivres font évoluer le voyage vers cet ailleurs sidéral …

Une surprise au début de la face deux, un standard et pas des moindres, « The Sunny Side of the Street », alors me direz-vous ? Et bien il s’en sort à la perfection avec une maîtrise remarquable, le Sun nous gratifie d’un superbe solo de piano que n’aurait pas renié un Bud Powell par exemple. Sun Ra et son grand Orchestre s’inscrivent bien dans la tradition de Duke Ellington.

« Manhattan cocktail », est une improvisation libre et organisée de l’arkestra, qui s’articule autour du piano, en une description aérienne de l’environnement sonore du célèbre quartier. Le genre de truc qui vous font bien décoller si vous acceptez le ticket d’entrée…

Un disque cinq étoiles bien sûr !

Space is the Place


Space Fling


Flamingo


Manhattan Cocktail
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » mer. 25 oct. 2023 18:02

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Dominique Gaumont-Energy

Album sorti en Lp en 2021 et en CD en 204 mais c'est plus vieux puisque Dominique gaumont est mort en 1983 à l'age de 30 ans. Auparavant il avait au joué au milieu de la decennie précéente avec ni plus ni moins que Miles Davis, aparaissant entre autres sur le live Dark Magus il me semble. De retour en France il enregistrera cet album.


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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 26 oct. 2023 02:31

nunu a écrit :
mer. 25 oct. 2023 18:02
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Dominique Gaumont-Energy

Album sorti en Lp en 2021 et en CD en 204 mais c'est plus vieux puisque Dominique gaumont est mort en 1983 à l'age de 30 ans. Auparavant il avait au joué au milieu de la decennie précéente avec ni plus ni moins que Miles Davis, aparaissant entre autres sur le live Dark Magus il me semble. De retour en France il enregistrera cet album.

Excellent album que je ne connaissais pas, il est bien sur Dark Magus comme tu le dis, bonne régalade, merci!
:super:
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 26 oct. 2023 02:42

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Lionel Belmondo, Stéphane Belmondo, Eric Legnini, Laurent Fickelson, Thomas Bramerie, Dré Pallemaerts – Dead Jazz - Plays The Music Of The Grateful Dead – (2023)

Bien que tous signent l’album de concert, de part la position sur les photos d’ensemble et l’ordre dans la présentation des musiciens, on sent bien que les frères Belmondo sont les inspirateurs de ce projet pas si fou que ça. Les admirateurs du Dead connaissent mieux que personne l’importance des impros lors des concerts fleuves dont ils étaient coutumiers.

Ce qui stupéfie encore lors de l’écoute de ces enregistrements d’époque, c’est la durée hors normes des concerts, où le public est en quête de ce moment unique, quand la musique s’échappe d’elle-même, du convenu et du rationnel, ce moment où tout bascule et emmène chacun dans un paysage musical sans limite ni retenu, on parla alors d’acid-rock, d’expression extra-sensorielle, dont les musiciens étaient les vecteurs, à l’origine du petit peuple des « Deadheads » qui les suivaient de concert en concert à travers les États-Unis.

Hélas, nulle trace d’une telle folie ici, bien que tout soit bien en place, on pourrait plutôt parler d’une sorte de « Greatest Hits », finement exécuté dans l’interprétation, avec des emplacements prévus pour les solos, c’est sûr c’est bien fait, mais jamais on atteint ce qui fait la véritable spécificité du « Dead » et qu’ils sont par ailleurs les seuls sur terre à pouvoir nous apporter, de toute façon…

Ainsi on goûte à ces interprétations plutôt réussies, mais sans l’esprit. On remarque néanmoins « Blues For Allah » qui se distingue tout de même par son aspect psychédélique, enfin ! pourrait-on dire… Le titre s’étire dans le temps, c’est là une étape nécessaire, si on veut « attraper » ce qui fait l’identité de son modèle, le rapport du Grateful Dead au temps est « la » condition à laquelle il faut se soumettre, pour entrer dans ce mode si particulier qui fait du Dead un groupe absolument unique, magique et intemporel…

Il est vrai que, par les temps qui courent, le monde actuel est impropre à cette découverte. La musique se consomme en masse, l’écoute se fait en une fois, avec une recherche immédiate de satisfaction, puis on passe au suivant, qui ressemble à celui que l’on vient d’écouter… Si on veut se donner une chance de rencontrer le « Dead », il faut accepter de lâcher quelques heures de son précieux temps, par paquet de trois si possible, en attendant cette bascule qu’ils offrent à l’auditeur patient et attentif, mais ça vaut vraiment le coup…

Sinon les musiciens qui sont là sont tous excellents et irréprochables, juste un peu hors-sujet car le défi est inatteignable, de mon point de vue.

Dark Star


Blues for Allah


China Cat Sunflower


Stella Blue
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 26 oct. 2023 18:19

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The mystery of being (2011)- Klimt Records - MJJ316- France (3LP) est une réédition non officielle de deux doubles-albums du Sun Ra Quartet : "New Steps" & "Other voices, Other blues", tous les deux parus sur le label Italien Horo.
La réédition est de bonne qualité, bien qu'elle case les quatre faces en trois albums seulement. Perso j'adore ces albums, ils constituent pour moi parmi ce que Sun Ra a fait de plus réussi, hélas les albums originaux sont hors de prix. "The mystery of being" est une alternative raisonnable.

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New Steps (1978) - Horo Records HDP 25-26 Italie (2LP)

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Other voices, Other blues (1978) - Horo Records HDP 23-24 Italie (2LP)

Outre le piano et le moog le véritable instrument de Sun Ra c’est son big band, l’Arkestra. Au détour d’un voyage en Italie, voilà qu’il le délaisse pour l’échanger contre une formule plus souple et assez inhabituelle pour lui, celle du quartet. Par n’importe lequel, non, un formidable groupe avec le grand maître lui-même aux claviers, l’extraordinaire John Gilmore au saxophone ténor et aux percussions, une jeune révélation à la trompette, Michael Ray, vingt-quatre ans et déjà une carrière de rockeur derrière lui, et enfin Lugman Ali à la batterie.

Le quartet composera deux double-albums, deux seront regroupés sur « Other voices, Other blues » et les deux autres sur « New Steps ». Ces albums sont aujourd’hui difficiles à se procurer à prix raisonnable, fort heureusement, une réédition récente les propose, réunis dans un coffret de trois disques. Celui-ci est assez chiche, peu de renseignements hormis la composition du groupe et les titres. Il ne reprend pas non plus l’ordre originel des morceaux, car des quatre LP il n’en reste plus que trois, toutefois les titres sont cependant regroupés par album.

C’est donc l’album « New Steps » qui ouvre le coffret et de la plus belle des façons, une magnifique reprise de « My favorite things ». Y-a-t-il encore quelque chose à dire sur ce standard qui n’ait pas déjà été formulé par Coltrane, et bien il faut croire que oui… John Gilmore a les coudées franches et réussit à en refaire une lecture à la fois nouvelle et passionnante. On ne dira jamais assez les mérites de ce grand saxophoniste, John Coltrane a lui-même reconnu la grande influence qu’il a eu sur son propre jeu, tout son talent éclate sur l’ensemble de ces enregistrements dont il assure pour une part l’intérêt. Son jeu empreint d’une grande technicité est mis au service d’une grande simplicité … Cet équilibre est constant dans sa façon de jouer, modeste, économe et si brillante ! La partie de basse est assurée par la main gauche de Sun Ra qui créée une atmosphère de délicatesse et de douceur sur toute la pièce, tandis qu’au loin Michael Ray dialogue avec le saxophone…

« Moon People » sera l’une des seules escapades spatiales de Sun Ra qui joue du synthé sur un accompagnement de John Gilmore aux percussions et Lugman Ali à la batterie, nous voilà plongés quelque part entre Herbie Hancock et Weather Report, pour situer le cratère lunaire…

« Rome At Twilight » est un morceau calme, voué à John Gilmore qui improvise avec maîtrise, mais surtout au piano de Sun Ra, très inventif et coloré, pour parachever l’effet feutré et intime de l’album, Mickael a mis une sourdine sur sa trompette…

La douceur de l’ambiance se perpétue avec « When There Is No Sun » jolie ballade chantée, cotonneuse, atmosphère ouatée et sourdine sur rythme très lent … « Sun Steps » perpétue cette calme ambiance, sur un tempo régulier et minimal joué par Luqman Ali, Sun Ra improvise avec beaucoup de maîtrise un superbe solo de piano, très sensible et subtil à la fois, inscrivant un espace sur lequel les souffleurs pourront déposer quelques riffs bienvenus.

« Exactly Like You » est la seconde reprise de l’album, dans la tradition, d’où vient le Sun, qui ne l’a jamais vraiment quitté, et qui y retourne fréquemment, plus particulièrement vers la fin de sa vie … « Friend And Friendship » permet au duo de souffleurs d’exprimer leur verve et leur talent, Mickael Ray s’y révèle vraiment en pleine forme, la sourdine toujours présente donne beaucoup d’intensité à chacune de ses interventions, John Gilmore est magnifique comme d’habitude, tandis que Sun Ra plaque les accords à la main gauche et tricote de la main droite formant l’écrin sur lequel il n’y a plus qu’à se poser…

« The Horo » qui conclue l’album « New Steps » est ici couplé sur la troisième face du coffret avec « Sun, Sky And Wind » qui, à l’origine, se situe sur « Other voices, Other blues ». « Horo » c’est à la fois le nom de la maison de disque Italienne qui produit l’album et aussi le nom des studios, à Rome, où Sun Ra enregistre ces albums. Ce titre s’inscrit parfaitement dans la continuité de l’atmosphère générale qui entoure ses sessions, calme, douceur, quiétude, harmonie, John Gilmore puis Mickael Ray nous offrent deux longs et beaux solos, improvisant l’un après l’autre, un dialogue avec Sun Ra, retenue et délicatesse…

(à suivre…)

Sun Ra Quartet - My Favorite Things (1978)


Sun Ra Quartet - Sun Steps (1978)


Sun R̲a̲ Q̲u̲a̲r̲t̲e̲t ̲– N̲e̲w̲ S̲t̲e̲p̲s̲ (̲1̲9̲7̲8̲)̲ - Tout l'album
Modifié en dernier par Douglas le ven. 27 oct. 2023 06:46, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 27 oct. 2023 03:21

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The Carla Bley Band – European Tour 1977 – (1978)

L’album commence par une petite supercherie, elle se cache dans le titre, « European Tour 77 » qui semble indiquer un enregistrement live, ce qui, en fait, n’est pas le cas. Toutefois la référence européenne est exacte puisque l’album a été enregistré à Munich aux studios de musique de Bavière. Ce Watt/8 est donc paru en partenariat avec le label ECM.

Une nouvelle fois la formation est magnifique, bien qu’inhabituelle pour Carla qui incorpore un petit quota de musiciens européens. Le trompettiste Michael Mantler, lui, est un peu entre les deux, natif de Vienne en Autriche et installé aux États Unis.

Roswell Rudd joue du trombone, Bob Stewart du tuba, Terry Adams du piano, Andrew Cyrille de la batterie, John Clark de la guitare ainsi que du cor d’harmonie et Carla de l’orgue et du sax ténor, ceci pour le côté US. Côté Europe c’est pas mal non plus : Elton Dean au sax alto, Hugh Hopper de la basse et Gary Windo au sax ténor. Oui, juste une formation de rêve.

J’aime énormément cet album que j’ai beaucoup écouté, je le trouve sans faiblesse et d’une grande force. Quatre compositions se partagent l’album, il s’ouvre avec « Rose And Sad Song » avec un joli thème, dès les premières notes on sait que nous sommes dans l’univers de Carla Bley, les arrangements rutilants, les cuivres qui brillent, le trombone magnifique de Roswell Rudd, oui, nous voilà embarqués dans un magnifique voyage !

« Wrong Key Donkey » se présente avec sagesse et des airs de bon élève, tout y est parfait pour séduire, un petit côté rock, une bonne guitare, un orgue chaud, des petits breaks dans cette intro qui se prolonge en un solo de Gary Windo qui devient aussi lyrique qu’un Gato Barbieri. Hmmm ! C’est du tout bon, çà !

En début de face B « Drinking Music » est un petit bijou en provenance de « Dinner Music », une version scintillante et épatante nous est offerte dans un écrin soigneusement étudié, de quoi nous en mettre pleins les oreilles, un nouveau sommet ici.

La dernière pièce est la plus longue, elle se présente comme une suite d’airs populaires ou d’hymnes, une sorte de fourre-tout appelé « Spangled Banner Minor And Other Patriotic Songs (Including Flags, And Now The Queen, King Korn And The New National Anthem) », ça dure un peu plus de dix-neuf minutes et c’est assez échevelé, dingo et farfelu, de quoi laisser libre cours à d’étonnants passages free, bien que tout soit sous contrôle et parfaitement organisé. Ce côté libertaire assumé fera fuir les auditeurs et les amateurs de monde très organisé, c’est là le risque, mais quelle beauté cachée au fond de cette malle à surprises qui reste pour moi un petit joyau, bien qu’assez long, je le concède.

Tout se termine en fanfare, clowns, acrobates, magiciens quittent la scène, accompagnés par Mr Loyal lui-même qui salue bien bas le public. Un album magistral de l’incroyable Carla !

The Carla Bley Band - Wrong Key Donkey [European Tour 1977].wmv
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Harvest » ven. 27 oct. 2023 06:59

Un album excellent, qui s’est sans doute bien vendu à sa sortie puisqu’on pouvait le voir dans de nombreuses discothèques de gens très divers. Un peu comme le Köln Concert.
Les musiciens sont très à l’aise avec la musique de Carla et on ressent comme une sorte de jubilation à jouer.

Sans doute un des meilleurs disques de la grande Carla Bley.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 27 oct. 2023 16:50

Harvest a écrit :
ven. 27 oct. 2023 06:59
Un album excellent, qui s’est sans doute bien vendu à sa sortie puisqu’on pouvait le voir dans de nombreuses discothèques de gens très divers. Un peu comme le Köln Concert.
Les musiciens sont très à l’aise avec la musique de Carla et on ressent comme une sorte de jubilation à jouer.

Sans doute un des meilleurs disques de la grande Carla Bley.
Je pense comme toi qu'elle avait une une popularité assez importante, bien que ne sachant pas pour cet album en particulier. En n'observant sur discogs aucun mouvement particulier vers la hausse, tout semble indiquer qu'en effet elle a beaucoup vendu, ce qui permet aux amateurs d'originaux de se procurer encore aujourd'hui des albums avec le son d'époque, en bon état, pour des sommes relativement très modiques...
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 27 oct. 2023 17:04

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Sun Ra - Other Voices, Other Blues (1978)

Quinze jours d’intervalle sépareront les deux sessions d’enregistrements. Celles d’« Other voices, 0ther blues » dureront deux jours, unité de lieu, de personnel mais aussi d’ambiance et d’atmosphère.

« Sun, Sky And Wind » se déroule sur ce même tempo fait de calme et de sérénité, Sun Ra s’offre quelques envolées expérimentales assez barrées, faisant parfois penser à Cecil Taylor, mais un Cecil Taylor qui serait introspectif et méditatif…

« Springtime And Summer Idyll » c’est sans doute la douce chaleur de l’Italie qui inspire Sun Ra, ici aux synthés comme dans beaucoup de pièces sur cet album, Michael Ray le rejoint, cette fois-ci sans sourdine, le tempo s’accélère un peu, John Gilmore est acéré, l’ambiance vire funky et rythm’n blues, ce qui n’empêche pas Sun Ra de torturer son moog pour en tirer quelques sons inouïs comme il les aime.

Nous restons dans une approche expérimentale avec « Constellation », une pièce avec un rythme curieux et intéressant joué par Luqman Ali, cette déconstruction est propice aux solos free et Mickael Ray ne s’en prive pas, rendant hommages à ses glorieux prédécesseurs tels Don Cherry et même Lester Bowie. John Gilmore lui aussi se lâche sur les accords répétés de façon rythmiques par Sun Ra, mais c’est bien Mickael qui met le feu et nous replonge dans les plus belles années des explosions free les plus débridées !

« One Day In Rome », Sun Ra au piano retrouve le blues, sans toutefois suivre la ligne traditionnelle, s’échappant sans cesse du modèle pour créer un à-côté vraiment stimulant, et nous voilà arrivé sur le « Bridge On The Ninth Dimension », rythme lent pour cette traversée, le synthé plante le climat, puis les souffleurs avancent, sur le thème du voyage cher à Sun Ra, on retrouve les climats de « Lanquidity », trompette en écho, on s’écoute et la traversée se poursuit, rythme lent, sentencieux et léger, Gilmore se fait aérien, il nous emmène… Soudainement tout s’accélère et se précipite, le voyage devient interstellaire, tourbillon, ivresse, le quartet fusionne en un bouillonnement free que perpétue le synthé soutenu par la seule batterie. Anche et Cuivre reviennent en apothéose nous déposer bel et bien dans cette neuvième dimension !

Retour sur terre pour « Along The Tiber », incartade bop de haute volée qui met particulièrement en valeur notre trompettiste.

« Rebellion » nous propose à nouveau un Sun Ra au meilleur de ses expérimentations au synthé, défrichant l’espace sonore en créant un perpétuel bouillonnement des possibles qu’explorent John Gilmore et Mickaël Ray avec une constance et une curiosité sans cesse renouvelée, Luqman Ali lui tient le cadre et délimite l’espace avec maestria. Encore un morceau qui nous renvoie aux bonnes années !

« The Mystery Of Being », le mystère de l’être termine ce voyage, nous voilà invités à une grande cérémonie spatiale, dans la continuité du titre précédent qui se prolonge ici avec beaucoup de solennité, voire même de pompe, mais classe, rien de pompier, ici. John Gilmore nous régale de son sens de la mélodie, une sorte de Coltrane économe, à la façon de Thélonious, c’est à la fois essentiel, beau et poignant… Mickaël est un peu plus torturé, dans l’urgence.

Nous avons là un superbe témoignage du bouillonnement culturel dans lequel baigne Sun Ra, un raccourci d’une grande partie de son immense univers musical, qui plonge dans l’histoire du jazz et du blues. Revers de la médaille, peut-être y verra-t-on un manque d’unité, si l’on enchaîne les deux doubles albums. L’exploration à laquelle nous sommes conviés est certes longue, mais très riche et particulièrement originale dans sa forme : le quartet est impressionnant.

One Day in Rome


Constellation


Springtime and Summer Idyll


Rebellion


The Mystery Of Being
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 28 oct. 2023 03:54

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The Carla Bley Band – Musique Mecanique – (1979)

Cette plongée quotidienne dans la musique de Carla Bley possède l’effet d’un bain de jouvence, tout revient avec facilité, les airs, les dynamiques, comme réveillés de la veille, alors que, pour certains opus, ne restait apparemment qu’un souvenir béat et réjoui. Ce qui est remarquable c’est la fraîcheur de cette musique qui ne déçoit pas, reviennent les souvenirs mais aussi les sensations d’alors, et ce même enchantement…

« 440 » ouvre l’album dans une certaine quiétude, la pièce est très chouette et nous entraîne rapidement dans ces climats si connus et aimés, la musique de Carla possède une couleur unique et très identifiable, particulièrement lors de cette première partie de discographie qui bascule entre airs populaires et musique plus ambitieuse, avec, toujours une pointe d’humour et un clin d’œil qui nous parvient ici ou là…

« Jesus Maria And Other Spanish Strains » est une sorte de retour en arrière vers le fameux « Liberation Music Orchestra » de Charlie Haden, on y retrouve un répertoire d’origine espagnol, moins engagé certes que son prédécesseur, mais plongé dans le répertoire populaire et folklorique.

Ça fonctionne parfaitement et met en valeur les talents d’arrangeuse de Carla qui ménage une belle suite, avec pas mal de densité et de diversité, passant habilement d’un air au suivant, tout en maintenant cette couleur si typique à ce répertoire particulièrement chantant et fort en personnalité. L’orchestre se plie facilement à l’exercice, on retrouve la plupart des musiciens de l’album précédent, avec l’apport de Charlie Haden et d’Eugène Chadbourne en invités vedettes.

La face A est évidemment remarquable, mais la face B l’est encore davantage, avec les trois mouvements de « Musique Mécanique ». Les parties sont suivies d’un marqueur un, deux ou trois, mais la seconde est également appelée « At Midnight », elle est souvent citée comme meilleur titre de l’album, bien que ce choix soit difficile.

La pièce est en tous points palpitante, gorgée de lyrisme, de montées et de breaks successifs qui vous emportent. Il y a également ce don particulier pour la composition qui émerveille ici, les petits effets de quelques notes qui se succèdent à vitesse folle dans un même mouvement. Ces arrangements parfaits dans les couleurs, cuivres ou anches élevés à leur apogée. On ne pourra plus dire après l’écoute d’un album de Carla que le solo de tuba est ennuyeux, ni que le trombone n’est pas chaleureux, ou encore que l’euphonium soit bien lourdaud, bien qu’on ne l’entende pas ici.

Dans sa progression la pièce avance avec une infinie douceur, avant, tout à coup, d’accélérer et de faire place au thème, une sorte de ritournelle qui rentre facilement dans les limbes de votre cerveau, pour y stationner environ le temps de votre vie… Vraiment impossible de résister à ce charme particulier, à cette subtile progression qui vous embarque avec adresse, certainement l’une des pièces les plus extraordinaires du génie de Carla Bley.

L’expérience sonore est complète, saisissante, géniale, malgré que parfois brinquebalante, ou soudainement répétitive. Sur « At Midnight » on entend la voix magnifique du remarquable tromboniste Roswell Rudd, l’un des plus grand de l’instrument, pourtant à contre-emploi ici, mais qui déchire vraiment et délivre une intensité extrême qui nous fait penser immanquablement à Robert Wyatt… Un sommet.

La partie trois est également au top, rien ne baisse, bien au contraire, la musique mécanique, bien qu’elle s’enraye, conserve sa force et sa vitalité, tout déconne et tout repart, malgré les failles elle poursuit sa marche en avant, avec l’entêtement de la machine qui faillit mais, gorgée d’énergie, poursuit sa route, dût-elle devenir folle et dangereuse, obéissant uniquement aux lois mécaniques, encore, encor et enc…

Un des sommets de la discographie de Carla. On remarque également la petite Karen Mantler citée au carillon, pour l’anecdote.

The Carla Bley Band - Musique Mécanique I


The Carla Bley Band - Musique Mécanique II (At Midnight)


The Carla Bley Band - Musique Mécanique III
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Piranha » sam. 28 oct. 2023 11:16

Tiens je ne le connais pas ce Carla Bley.
J'imagine que c'est très bien comme tout ce qu'elle fait

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 28 oct. 2023 15:34

Piranha a écrit :
sam. 28 oct. 2023 11:16
Tiens je ne le connais pas ce Carla Bley.
J'imagine que c'est très bien comme tout ce qu'elle fait
Celui-ci est très certainement à recommander à tous les amateurs de la musique de Carla, il est top!
;)
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