J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 27 juil. 2023 14:53

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The Bagatelles Vol.6 – Brian Marsella Trio

Voici un trio piano, basse, batterie des plus classiques avec Brian Marsella dans le rôle du pianiste, Trevor Dunn dans celui du bassiste et Kenny Wollesen dans celui du batteur. Un trio avec des pointures à chaque poste, John Zorn ne va pas dans l’inconnu, deux sont des familiers et surtout ces trois-là ont enregistré le volume trente et un du Book of Angels, et quand il est satisfait il aime faire appel aux formations dont il est le plus admiratif.

Brian Marsella est également membre de Banquet of the Spirits et de Zion 80, et les deux autres sont des historiques, mais parlons plutôt de cet album vraiment magnifique, ce petit joyau miraculeux, on ne sait quelle bagatelle admirer le plus, la cent dix-neuf qui ouvre l’album ? La quarante et une qui ménage un réel suspens ? La deux cent soixante-quatorze vive et sautillante ? La cent cinquante-trois plus atonale qui frétille comme du Cecil Taylor ? Ou encore la deux cent quatre-vingt-huit qui est si belle et magique, une ballade à deux faces, qui avance en serrant le cœur…

On ne sait de quel côté tourner la tête, on admire la vivacité du trio, sa facilité à pénétrer dans l’univers de Zorn, sa capacité à improviser et à défricher des territoires à conquérir, la finesse d’interprétation qui élève ces « petites choses » au rang d’œuvre d’art.
08. Bagatelle #288.mp3
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04. Bagatelle #41.mp3
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Message par Douglas » ven. 28 juil. 2023 00:47

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Yannis Kyriakides & Andy Moor – Rebetika (2010)

Cet album sorti tout d’abord sur Cd a connu une sortie vinyle en deux mille seize, c’est celle -ci que je possède, mais, en fait, la toute première édition était entièrement dématérialisée, elle date de deux mille six, l’année où fut donné le concert qui sera à l’origine de ces bandes, un vingt-huit février à Glasgow. Je le précise, car ce souci de réédition donne du poids à cette œuvre qui ne manque pas d’originalité et de qualités.

Andy Moor le gars de « The Ex », groupe anarcho-punk néerlandais à l’origine, tient la guitare et les machines qui vont avec, et Yannis Kyriakides, d’origine Chypriote, est crédité à l’électro. Les deux se réunissent autour du rebetiko, cette musique provient des Rébètes, peuple réfugié en Grèce, en provenance d’Asie mineure, plus particulièrement de Turquie, et plus précisément de la région de Smyrne.

Le Rabatiko a connu son heure de gloire entre mille neuf cent vingt et mille neuf cent cinquante, avec une apogée entre trente et quarante. C’est une sorte de blues local dont les deux musiciens s’inspirent pour en insuffler une interprétation plus moderne, encore que les extraits des originaux qui nous parviennent entre les oreilles, à l’écoute de l’album, soient vraiment très prenants.

Certains seront sensibles à ces réinterprétations de ces classiques Rebetiko, à la fois très beaux mélodiquement et souvent saignants et déchirés, les montées dramatiques ne manquent pas qui nous renvoient aux misères du peuple réfugié, migrant, dont j’imagine que la photo de pochette nous restitue le principal moyen de locomotion d’alors.

Bien que les thèmes soient authentiques, ils passent tous à la moulinette de l’impro de nos duettistes, qui en extraient ce que bon leur semble, afin de créer une émotion chez l’auditeur. Du coup la beauté sombre du Rebetica apparaît souvent comme une blessure, une douleur ou un blues tragique…

Minores


Yannis Kyriakides & Andy Moor - Katsaros


Vamvakaris


A School Burnt Down
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 28 juil. 2023 14:38

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The Bagatelles Vol.7 – Brian Marsella

Et voici à nouveau Brian Marsella, mais cette fois-ci en solo, de quoi appréhender le musicien sous un angle nouveau. Incontestablement il est doué, et même très, dans la case virtuose, sans discussion, d’ailleurs ils s’y bousculent les virtuoses, dans la case, que c’en est désolant…

Ce qui le différencie un peu c’est qu’il n’est à sa place nulle part, pas trop à l’aise dans les réseaux jazz où son toucher est jugé un peu trop formaté par l’éducation classique, ni mieux perçu dans le monde de la musique « savante » où il apparaît saugrenu et débridé, presque sauvage… Bon je rigole, mais il y a de ça…

Du coup il est bien chez Zorn où se réfugient les déglingués et les inouïs, les affreux et les mécréants, et même les surdoués un peu foufous. Prenez la « Bagatelle #292 », toute mignonne et toute simplette, sous les doigts de Brian elle prend la forme d’une comptine montée en œuvre d’art, la simplicité apparente d’une sublime bagatelle, de quoi en énerver plus d’un !

Et la « Bagatelle#289 », elle avance vive et joyeuse comme extraite d’un dessin animé, pourtant des accords graves la soutiennent, comme pour lui donner un côté sérieux ! Et la « Bagatelle#238 » dépouillée et simplette, presque nue, ingénue, qui s’enroule et se déplie, toute mignonne autour d’un thème qui déploie ses jolies variations, sur un rythme badin et répétitif.

Que dire de Brian Marsella, sinon que Zorn ne s’est évidemment pas trompé sur ce musicien, tellement à l’aise ici qu’il exploite chaque bagatelle de façon à la fois personnelle et futée, avec une grande finesse et beaucoup de sensibilité, chacune d’elle possède son charme et son identité, de quoi passer un merveilleux moment à leur écoute…
04. Bagatelle #292.mp3
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10. Bagatelle #238.mp3
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 29 juil. 2023 04:26

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Yannis Kyriakides, Andy Moor – A Life Is A Billion Heartbeats (Improvisations On Old Rebetika Songs)

Ce second volet est daté de deux mille quatorze pour le Cd et de l’année suivante pour la version vinyle. Ce sont de nouvelles interprétations qui sont offertes par le duo. « Une vie est un milliard de battements de cœur » nous dit le titre de l’album, je dois dire que celui-ci me semble encore plus prenant que le précédent, dès le premier titre « Today is the Same as Yesterday » nous voici plongés dans un entêtant voyage qui ressemble à une longue marche qui n’a rien de victorieuse…

La face file à vive allure et je suis tellement dans le truc que je suis entièrement perdu au niveau des plages, bien qu’il n’y en ait que huit, l’impression qui en ressort est morne, pleine de nostalgie, elle parle d’un amour passé, d’une terre perdue, de regrets…

Les accents sont forts et les airs de Rabatika anciens qui sont incorporés à la musique portent une véritable douleur, ou bien encore une beauté ancienne, encore visible, charmante, mais peuplée de fantômes et d’esprits douloureux comme sur « Everyone Should Think About Their Final Breath » qui ouvre la seconde face.

Cet album possède la beauté des rêves anciens, la charge émotionnelle de tout un peuple à qui la terre a été volée, mais qui survit grâce à la mémoire qu’il fait vibrer, renaître, pour que les racines demeurent, hors-sol sans doute, mais puissamment accrochées dans le souvenir et la volonté des êtres qui forment peuple, à travers la diaspora.

Le miracle de cet album c’est de donner chair à ces sentiments, d’aller bien au-delà de la seule culture pour révéler l’énorme force de ce qui cimente les esprits, la puissance de l’idée d’identité, qui va bien avec les autres valeurs dont on s’abreuve, comme celle de liberté, qui prend tout son sens ici…

La version Cd dispose de quatre titres supplémentaires.

A Life Is a Billion Heartbeats


This Summer


Day Two


Everyone Should Think About Their Final Breath
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 29 juil. 2023 15:53

Voici le huitième volume des bagatelles avec le John Medeski Trio:


Douglas a écrit :
lun. 6 déc. 2021 06:19
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Bagatelles Vol. 8 : John Medeski Trio

A l’origine les Bagatelles sont un pensum de trois cents morceaux dans lesquels les musiciens invités par le maître peuvent puiser pour en donner leur interprétation, tout en conservant leur style et leur personnalité, ce qui donne des versions extraordinairement différentes et des albums aux identités très variées, à l’image de la série des Book of Angels qui contenait, elle, trente-deux volumes.

Les bagatelles se présentent comme de petits coffrets contenant quatre Cds assez onéreux, il faut dire que John Zorn a besoin de remplir les caisses à la suite de la déconvenue des « Book’s Beriah » où il s’est fait escroquer, ayant placé sa confiance dans un distributeur véreux.

On se souvient qu’il avait été question précédemment du premier coffret de la série des « Bagatelles » de John Zorn au travers du « Mary Halvorson Quartet » qui en était le premier épisode et dont j’avais parlé ici. Il précédait « Erik Friedlander And Michael Nicolas », le volume deux, puis « Trigger » le volume trois et « Ikue Mori » qui fermait le premier essai.

Voici donc venir le second coffret des « Bagatelles », les volumes de cinq à huit avec le Kris Davis quartet pour l’épisode cinq, Brian Marsella Trio pour le six, Brian Marsella au piano solo pour le sept et le John Medeski Trio pour le volume huit. C’est de ce dernier dont je vais plus particulièrement parler.

Les Cds sont assez chics avec des éléments en relief sur la couverture, une protection autour du Cd, celui-ci est formé de trois volets assez rigides, photo et texte signé du musicien vedette, ici l’organiste John Medeski, accompagné par le guitariste David Fiuczynski et du batteur G. Calvin Weston. Je ne connais pas ces deux derniers musiciens mais on peut faire confiance à John Zorn, ils sont à la hauteur.

Ici l’atmosphère est assez électrique, voire rock, on connaît John Medeski et son jeu ample et puissant qu’il aime déployer sans limite. Il s’est essayé à l’exploration de ces pièces lors du « John Zorn Bagatelles Marathon » tournée qu’il a effectué au travers de l’Europe, en bonne compagnie.

Ça frôle parfois le métal ici, sinon dans l’esprit du moins dans la forme, comme sur Bagatelle # 157 qui ferme l’album de façon grandiose, mais rien d’uniforme ici, sinon la formule de départ. John Medeski est un monstre de l’instrument, une sorte d’ogre de l’orgue dont il est un expert unanimement salué, la démonstration ici est d’ampleur.

Elle se rockifie au son de la guitare électrique de David Fiuczynski qui strie l’espace et riff volontiers. Calvin Weston est également très carré dans son accompagnement assurant une assise solide et puissante aux envolées de ses compères.

Un album à la destinée assez simple et volontiers grand public, pour peu qu’on aime le son de l’orgue, bien sûr…
09. Bagatelle #157.mp3
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 30 juil. 2023 02:25

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Brötzmann - Bekkas - Drake – Catching Ghosts (26 mai 2023)

Cet album sera donc le dernier officiel paru du vivant de Peter Brötzmann, sur ACT qui plus est, un label sérieux, comme une reconnaissance, certes tardive, mais enfin, ne faisons pas la fine bouche. Un peu dans la tradition de Peter, c’est une captation de concert, cette fois-ci au « Berliner Festpiele », lors du festival de Berlin deux mille vingt-deux.

Il ne faut pas le confondre avec « The Catch Of A Ghost », bien qu’il soit encore question de fantôme, mais il y a une certaine continuité, puisqu’après la participation de Maâlem Moukhtar Gania sur l’album de deux mille vingt, c’est le joueur de guembri et chanteur Majid Bekkas qui joue ici, perpétuant l’héritage de la musique « Gnaoua ».

Ce sont quatre traditionnels qui sont donc joués ici. Hamid Drake est le batteur percussionniste et Peter le souffleur, sax alto, ténor et clarinette. Le mélange Jazz avec la musique Gnaoua n’est pas une nouveauté, c’est au contraire un invariant depuis les années soixante, cette musique traditionnelle se mélange particulièrement bien avec les autres musiques, créant un nouveau folklore, vivant et improvisé.

Il est difficile de ne pas revenir à Peter Brötzmann et à sa fin, si proche lors de cet enregistrement, il était malade et sortait de l’hosto, ce qui ne l’a pas empêché d’enfourcher ses instruments et de jouer, certes, l’énergie n’est plus celle d’autrefois, puisqu’elle servait de combustible et se consumait à grande pompe, mais il gagne en maîtrise ce qu’il perd en spontanéité, et franchement, rien à redire, il reste beau, le vieillard, solide sur ses deux jambes et remplit à merveille son rôle, bien entouré par ses deux compères, particulièrement le magnifique Hamid Drake qui déploie une jeu très riche et foisonnant.

Les quatre pièces sont bien chouettes, bien emmenées par Majid dont c’est la fête ici, le guembri à deux cordes assure divinement et la voix se pose à l’avant, commentée par Brötzmann qui improvise le discours, jusqu’au dernier souffle…

Chalaba (Live)


Mawama (Live)


Hamdouchia (Live)


Balini (Live)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 30 juil. 2023 14:45

Voici le troisième coffret des bagatelles, encore une série de quatre albums, ici on rencontre les musiques gravitant autour de la guitare, qu'elle soient jazz ou plus extrêmes ...
Douglas a écrit :
sam. 17 déc. 2022 06:09
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John Zorn’s Bagatelles – Asmodeus – Vol.9 (2022)

Tout frais et à peine sorti, voici un extrait du troisième coffret des « Bagatelles », le volume neuf, celui consacré à la formation « Asmodeus » qui est formée rien moins que par Marc Ribot à la guitare électrique, Trévor Dunn à la basse et Kenny Grohowski à la batterie. L’enregistrement de cet album s’est déroulé en avril de cette année finissante aux Studios « EastSide Sound » de New York, le tout supervisé par John Zorn, il est aussi bien évidemment l’auteur des compos.

Cette quatrième Box tourne autour des guitares, le Vol.9 est donc consacré au légendaire Marc Ribot, le Vol.10 à Julian Lage et Gyan Riley, le Vol.11 à Jonathan Goldberger et Keisuke Matsuno et enfin le Vol.12 à la formation « Cleric » avec Matt Hollenberg et Daniel Ephraim Kennedy, à la fois à la basse et à la seconde guitare. De quoi agiter le petit monde du jazz…

…Et du rock même pourrait-on dire en écoutant Asmodeus. Quarante et une minutes de guitare électrique, stridente, souvent sauvage et impertinente sont ici proposées, des pièces allant de trois à sept minutes, souvent très impactantes, rentre-dedans, sans souci de manière ou de politesse, ça pète, défonce et ça claque.

Les neuf compos sont pourtant chacune porteuses d’un thème différent, d’une portée ciblée et d’une histoire personnelle, c’est là toute la magie des compos de Zorn qui s’habillent de mille façons, souples et malléables, elles se glissent partout, dans tous les genres et toutes les musiques.

Ici elles sont pleines d’une énergie folle, débordante, façonnées sous le signe de l’électricité, Ribot est extraordinaire, comme à son habitude il n’a pas son pareil pour animer chaque pièce et lui donner vie, force et identité, à tel point qu’il est difficile d’en sortir une en prétendant qu’elle est meilleure ou plus accessible que la suivante, ici ça ne marche pas comme ça, on prend le train et on va au bout avec tous les wagons…

Trevor Dunn est lui aussi une légende Zornienne, habitué du démiurge, il assure ici avec une aimable férocité, la basse gronde et rugit comme il se doit, sans jamais faillir, avec une exacte précision. Kenny Grohowski qu’il ne me semble pas connaître, bien que j’aie pu le rencontrer ici ou là au fil de mes écoutes, tape comme il convient fort et appliqué, sans faiblir, avec détermination. Ici c’est du lourd, du gras et du tonique.

Seule exception sans doute, la dernière pièce qui est jolie, gentille et charmante, elle pourrait faire un tube avec un entourage plus policé, elle file le temps de deux minutes et quarante-quatre secondes, comme un clin d’œil, un sourire…
01. Bagatelle #164.mp3
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02. Bagatelle #130.mp3
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06. Bagatelle #277.mp3
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 31 juil. 2023 02:51

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Marquis Hill – New Gospel Revisited (2022)

Marquis Hill est un trompettiste originaire de Chicago, bien implanté sur la scène de New-York et apprécié de ses confrères. On ne parle pas trop de lui par ici, pourtant c’est un musicien remarquable qui mérite l’attention, cet album-ci fait partie de ses meilleurs.

« New Gospel Revisited » est à la fois le titre de l’album et d’une suite qui le constitue. C’est en fait le nom de son tout premier album enregistré en deux mille onze, il est ici augmenté, passant de huit à treize titres.

Il a été enregistré live au « Constellation » un club de Chicago, avant que le Covid ne frappe la planète. Il est ici entouré par la crème de la jeune génération. Walter Smith III est au saxophone ténor, Joel Ross au vibraphone, James Francies au piano, Harish Raghavan à la basse et Kendrick Scott tient la batterie. Le sextet est tout simplement une image de la jeune génération rayonnante.

S’il faut parler de style, il faudrait y mettre un « s », car les influences sont larges, tout en siégeant dans l’esthétique jazz et musique noire en général, quelques influences rhythm’n blues et soul se laissent entendre au milieu de ce hard bop avancé, qui ne craint pas de se frotter à tout ce qui passe.

L’album est très long, il frôle les limites de stockage, ça tombe bien, Marquis Hill prend le temps, « Law & Order » qui ouvre l’album frôle le quart d’heure ! L’occasion d’écouter un solo de trompette qui vous en dira long sur le potentiel du gars, il se déclare être influencé par Clifford Brown, il y a de pires références !

C’est le genre d’album qui fait plaisir, tous les thèmes sont signés du leader, alors va pour la nouveauté, les thèmes sont prétextes à de nombreuses et longues improvisations de la part des musiciens, qui sont tous tellement fabuleux que l’on passe d’un ravissement à l’autre, en balançant, ou en tapant gentiment du pied, le solo de batterie, « Oracle » est tout simplement parfait, une intro à « New Gospel ».

Des moments de beauté et de clarté parsèment l’album tout du long, il file ainsi gentiment jusqu’à sa fin, alors bien sûr, rien de nouveau sous le soleil, c’est vrai, mais le plaisir de l’écoute est là, tout vibrant, et c’est bien l’essentiel.

The Thump (Live)


Autumn (Live)


New Gospel (Live)


Marquis Hill en session TSFJAZZ !
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 31 juil. 2023 14:45

Les bagatelles volume dix avec un duo exceptionnel!
Douglas a écrit :
dim. 18 déc. 2022 05:34
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John Zorn’s Bagatelles – Julian Lage and Gyan Riley – Vol.10 (2022)

Voici la suite du menu « guitares » avec un duo formé par Julian Lage et Gyan Riley. Ce dernier est bien le fils de Terry Riley, c’est un guitariste reconnu qui se partage entre musique classique et jazz. Ces deux-là ont déjà signé un album en duo sur Tzadik en deux mille dix-neuf, « Chesed » que je n’ai pas écouté, mais dès que l’occasion se présentera…

On se souvient que les « Bagatelles » sont des pièces composées par John Zorn en assez grande quantité, de façon à permettre un choix pour les invités du moment. Par exemple sur ce Cd le dixième titre se nomme « Bagatelle #291 », le chiffre indique le numéro de la pièce et donne une indication sur l’éventail du choix proposé, le dernier titre indique « Bagatelle #3 »…

Le duo est acoustique et prend en charge les arrangements de chaque pièce, l’enregistrement s’est effectué début mars également aux Studios « EastSide Sound » de New York. Je vous ai proposé quelques albums de Julian Lage par le passé, ce ne sera cependant pas suffisant pour que je puisse vous indiquer qui joue canal droit et qui joue canal gauche, même si j’ai une hypothèse je la garde pour moi de peur de dire une bêtise (de plus). C’est regrettable que cette information ne soit pas fournie.

D’un autre côté ça démontre également la qualité des deux musiciens qui sont stratosphériques sans jamais, pour autant, donner l’impression de vouloir en mettre plein la vue. C’est bien la qualité de l’interprétation qui est ici l’enjeu, les deux musiciens semblent très à l’aise et inspiré par le matériel thématique mis à disposition, les guitares sont agiles et sonnent dans un territoire voisin l’une de l’autre, se combinant, l’une soutenant l’autre ou éclairant le chemin.

On connaît le souci de perfection de John Zorn, il sait aiguiller et construire l’édifice mais aussi laisser des plages improvisées pour que chacun se sente à l’aise dans l’expression de sa personnalité. Les trente-huit minutes passent à une incroyable vitesse, c’est à la fois très expressif et éblouissant…

Nous sommes bien entendu très loin du volume neuf de Marc Ribot, pas à l’opposé, mais sur des îlots voisins, une autre façon de vibrer avec de la bonne…
03. Bagatelle #125.mp3
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08. Bagatelle #94.mp3
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09. Bagatelle #219.mp3
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 1 août 2023 03:53

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Theo Croker Quartet – Jazz At Berlin Philharmonic XII - Sketches Of Miles (Cd1)

Cet album est en fait un double Cd, curieusement les deux Cds sont disposés sur le même et, du coup, unique téton. Ainsi pour attraper le secondCd, il faut impérativement enlever le premier, car il est caché au-dessous. Ce n’est pas très pratique pour les manipulations, mais c’est économique à l’achat.

Je pense aujourd’hui ne vous parler que du premier Cd, car les deux sont assez dissemblables. Le titre « Sketches Of Miles » en dit déjà très long sur le contenu, le répertoire est également très disert. Seulement quatre titres ici, qui sont interprétés par le quartet du trompettiste Theo Crocker, avec Danny Grissett au piano, Joshua Ginsburg à la contrebasse et Gregory Hutchinson à la batterie.

On sait que la musique de Miles se partage en périodes aux contours plus ou moins flous, mais très identifiables, ainsi chacun peut s’y repérer en fonction de ses goûts. La première pièce jouée est une rencontre entre deux airs distants d’une décennie. « Pinocchio/Milestones » est en effet un hybride entre « Pinochio », de Wayne Shorter, qui est un titre issu de l’album « Nefertiti » de mille neuf cent soixante-huit et « Milestones » issu de l’album du même nom paru en mille neuf cent cinquante-huit.

L’écoute est extrêmement agréable et nous replonge dans la musique de ces années-là, on s’y croirait vraiment, à ce titre les amateurs et les fans du Miles de cette période seront comblés. « Footprints », à nouveau un thème de Wayne Shorter, est la seconde pièce ici, en provenance de « Miles Smiles», l’album de soixante-sept.

Avec « My Funny Valentine » c’est un standard à jamais marqué par les interprétations qu’en a fait Miles Davis qui nous est proposé. La première version est sise sur « Cookin' With the Miles Davis Quintet » de cinquante-six, elle a été jouée et rejouée par Miles qui en a fait un de ses « chevaux de bataille » sur scène, ainsi le titre apparait sur « My Funny Valentine - Miles Davis In Concert » de soixante-cinq.

La machine à remonter le temps poursuit sa trajectoire avec « So What » issu du majestueux « Kind of Blue », album historique et classique indispensable. Il est certain qu’avec un tel répertoire Theo Croker ne peut décevoir, d’autant que les interprétations sont magnifiques, sur cette dernière pièce Magnus Lindgren intervient au saxophone ténor et secoue un peu tout ça…

Pour être juste il y a bien une recréation des pièces avec quelques arrangements nouveaux, mais rien de bouleversant, pour autant l’album est très enthousiasmant pour ceux qui, comme moi, aiment ces périodes plus classiques de Miles.

Pinocchio & Milestones (Live)


Footprints (Live)


My Funny Valentine (Live)


So What (Live)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 2 août 2023 02:51

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Theo Croker Quartet – Jazz At Berlin Philharmonic XII - Sketches Of Miles (Cd2)

Ce second volume est voué également à quatre titres, joués à la fois par le « Theo Croker Quartet » et par le « Mitglieder der Berliner Philharmoniker » sous la direction de Magnus Lindgren. Ce grand orchestre est formé essentiellement d’instruments à vent, des anches, des cuivres, pas loin d’une vingtaine de musiciens, dont un pianiste.

En même temps qu’un hommage à Miles Davis c’est également Gil Evans qui est salué ici, avec « Miles Ahead Suite » qui puise dans l’album de cinquante-sept, l’inévitable « Sketches Of Spain Suite » sorti en soixante, qui plût tant lors de sa sortie. Encore Gil Evans avec « Porgy and Bess Suite » de cinquante-neuf et pour finir « All Blues », un autre extrait de « Kind Of Blue ».

A titre personnel je n’ai jamais trop goûté la collaboration Evans/Davis, malgré les délices qu’elle a engendrés. Disons plus exactement que ce n’est pas là le Miles que je préfère, du coup les efforts de Theo Croker me bouleversent moins que sur l’album précédent, sans pourtant m’ennuyer.

Les suites proposées sont de fins arrangements avec des thèmes des albums choisis, souvent un peu étriqués avant d’être assemblés. L’avantage c’est que les souvenirs remontent vite et la beauté des thèmes fait le reste, finalement il est difficile de résister au festival qui nous est proposé, presque malgré nous…

Et puis, pour finir, une version enlevée du standard « All Blues », magnifique et magistral à la fois. De superbes solos s’enchaînent avec, pour finir, un excellent Magnus Lindgren à la flûte. L’hommage se termine ainsi de belle façon, et nous le recommandons aux amateurs de Miles qui ne seront ni perdus, ni même surpris. Attention, la version vinyle ne contient pas le dernier titre !

Finalement, nous avons là, en deux étapes, un des meilleurs Croker !

Miles Ahead Suite (Live)


Sketches of Spain Suite (Live)


Porgy and Bess Suite (Live)


All Blues (Live)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 2 août 2023 14:37

Douglas a écrit :
lun. 19 déc. 2022 04:25
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John Zorn’s Bagatelles – Jim Black Quartet – Vol.11 (2022)

Et voici le onzième volume des « Bagatelles », ces « petites choses sans importance » qui s’avèrent pourtant indispensables. Cette fois-ci John Zorn quitte sa garde rapprochée et s’ouvre à de nouveaux musiciens, il est familier de cette pratique dont il use souvent, c’est sa façon de donner leur chance à des musiciens parfois très peu connus ou, comme ici, à des groupes qu’il a suivi de loin avant de s’engager envers eux.

Le batteur Jim Black a écrit quelques lignes sur la pochette intérieure du Cd, à ce stade il faut souligner la qualité des pochettes, très stylées, solides et protectrices. Le Jim Black Quartet est connu pour être un groupe d’improvisation, c’est là son moteur et sa nourriture, c’est aussi sans doute ce qui a attiré John Zorn, bien que l’exercice des Bagatelles soit pourtant concentré sur la lecture et l’interprétation.

Quand John Zorn s’est approché de Jim Black pour lui proposer d’enregistrer un volet des Bagatelles, trois cents compositions parmi lesquelles il fallait en choisir quelques-unes à interpréter, après avoir consulté ses amis musiciens, c’est avec une grande gratitude qu’il a accepté l’offre proposée par la « légende vivante ».

Il s’est lancé alors dans ce grand défi et a travaillé longuement avec son groupe, Jonathan Golgberger et Keisuke Matsuno aux guitares électriques et Simon Jermyn à la basse, autour des onze pièces qu’ils ont sélectionnés en concertation avec John Zorn. Ils ont eux-mêmes longuement répété et arrangé les onze perles et les ont enregistrées au « Republica Studios », à Lubzra en Pologne.

C’est évidemment très électrique, très rock, en gardant à la fois une lecture très serrée des compos tout en ménageant ce qui fait le « sel » du groupe, un goût immodéré pour les improvisations, c’est ce mélange qui nous est proposé.

On reconnaît assez souvent le goût de John Zorn pour les emphases, les brisures rythmiques, les discours angulaires, les relances incessantes qui permettent à la musique d’avancer continuellement avec une richesse inouïe, sans jamais se répéter ni lasser. Jim Black est magnifiquement enregistré, un véritable album de batteur où l’instrument est en avant, tout en gardant un équilibre suffisant pour la basse et les deux guitares virtuoses qui rappelleront peut-être le souvenir du premier Mahavishnu Orchestra.

Une nouvelle page passionnante de ces incroyables « bagatelles »…
01. Bagatelle #227.mp3
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03. Bagatelle #300.mp3
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 3 août 2023 01:41

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Ceramic Dog – Connection (2023)

Je suis un peu abonné à Ceramic Dog dont je ne rate aucun album, sauf ceux devenus inaccessibles, because des tirages compliqués avec une distribution confidentielle. Il faut dire que je n’ai jamais été déçu par la formation, tout de même, juste formidable. Marc Ribot à la guitare, à la basse, au dobro et au chant, Shahzad Ismaily à la basse, à l’électro et au chant et Ches Smith batteur, percussionniste et chanteur également.

Ils sont tous les trois aux compos sauf sur un titre, et Ribot a écrit les paroles, souvent noires et révoltées. On ne peut pas appeler ça un album de jazz, ça dépasse de partout, ça regarde côté punk, noise, rock et impros non calibrés. C’est rageur, en colère, ça balance et envoie, et surtout ça part dans toutes les directions, y compris, et surtout, là où on ne s’y attend pas.

« No Name » par exemple est tout à fait surprenant, on ne sait trop où on est, musique de boîte pour s’éclater sur le Dance Floor ? Une parenthèse encore inexpliquée…

« Heart Attack » qui suit, comme un direct sur le ring remet le nez droit. Mais mon titre préféré c’est sans doute « Swan » avec l’extraordinaire James brandon Lewis qui est là en tant qu’invité et qui apporte toute sa rage de jazzeux, le truc est immense, mais d’autres préféreront probablement les assauts plus rock, vengeurs, décapants, ou bien ce titre de onze minutes que l’on croirait surgit des soixante-dix, vers la fin de l’album...

Le morceau qui ouvre, « Connection », imparable, dans la tradition Ribot des ouvertures percutantes. Les pièces rentre-dedans par la porte arrière, sont foison également, ça sent l’urgence, avec une pointe de désespoir même, de quoi coaguler la révolte…

Mais il y a également « Order of Protection » avec Greg Lewis à l’orgue Hammond B3, et là j’aime sans condition, et cette guitare me va bien, elle m’emmène loin et me fait passer la porte, vers les moments anciens des années qu’on aime par ici, c’est chaud et immersif, on pense même à Carlos Santana des grands jours, c’est dire !

« Crumbia » le dernier titre, avec Oscar Noriega à la clarinette et Anthony Coleman à l’orgue farfisa, termine l’album sur une note joyeuse et festive, de quoi donner à cet album assez extraordinaire et même extravagant, une nouvelle couleur encore !

Ribot il est fou, fou, fou…

Connection


Swan


Order of Protection


Crumbia
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 3 août 2023 13:39

Voici le quatrième et dernier album du troisième coffret des Bagatelles !
Douglas a écrit :
mar. 20 déc. 2022 05:21
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John Zorn’s Bagatelles – Cleric – Vol.12 (2022)

Et voici le dernier volume du troisième coffret des « Bagatelles » consacré à la formation « Cleric ». Cette dernière n’en est pas à son coup d’essai pour ce qui concerne la collaboration avec John Zorn, puisqu’elle participa, dans le cadre du « Masada Book 3 » au second volume du « Book Beri'ah », appelé «« Chokhma » en deux mille dix-neuf. Par contre faut s’accrocher, on franchit encore un cap dans la fureur en approchant les musiques extrêmes, ici on ouvre l’antre des démons avec les musiques dignes du Death Metal, accroche-toi mon gars !

Dix-neuf pièces ultra courtes pour la plupart, la plus longue est la dernière, elle dure exactement quatre minutes. Quatorze d’entre elles n’arrivent pas à trois minutes, c’est tendu, dense, violent, agressif, il semblerait qu’il s’y glisse même des impros vocales, mais c’est pour votre malheuurrr !

Pour faire tout ce bazar ils ne sont que quatre, Matt Hollenberg est à la guitare, Daniel Ephraim Kennedy joue de la basse et de la seconde guitare, Larry Kwartowitz joue de la batterie, des percussions et du « War drum », Nick Shellenberger chante, joue des claviers, de la guitare sur quatre pièces, de la basse, des « War Drums » et des percussions également.

Les voix sont gutturales avec des effets qui font peur, c’est très trash et ça envoie du très lourd, des spécialistes du métal trouveraient les mots justes, mais ce n’est pas mon cas. La comparaison qui me vient immédiatement à l’esprit c’est l’album « Scum » de Napalm Death, pour la densité et la brièveté. En tout cas « Les Clercs » sont justes incroyables et phénoménaux, il y a de la démesure et de la grandiloquence mais avec tout le second degré que l’on devine.

Techniquement c’est irréprochable, les gars sont des pointures et on retrouve, même ici, cette idée de perfection qui signe les œuvres de Zorn, tout est formidablement bien en place et ça déchire grave, mais sans laisser de traces, du travail net et propre. Tout n’est pas de même intensité, même si globalement c’est plutôt dans les sommets extrêmes, il y a quelques rares courts titres un peu moins limites, qui nous laissent quelques secondes pour reprendre notre souffle et nous reconstituer, une sorte de geste d’humanité à notre égard…

Un bel album d’un genre un peu spécial, mais les admirateurs de John Zorn connaissent son éclectisme, c’est aussi ce qui fait son charme...
01. Bagatelle #1.mp3
(2.29 Mio) Téléchargé 66 fois
02. Bagatelle #296.mp3
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11. Bagatelle #271.mp3
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16. Bagatelle #98.mp3
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 4 août 2023 03:05

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John Zorn feat. Julian Lage & Gyan Riley - Quatrain (2023)

Une nouveauté toute chaude avec deux des guitaristes les plus sollicités du moment, rien moins que Julian Lage et Gyan Riley autour de l’album « Quatrain », cinq pièces pour une durée qui frôle les quarante minutes, Zorn est à l’écriture et aux arrangements, le duo de guitaristes s’occupe du reste…avec un énorme talent.

« Quatrain » est une version sonorisée du roman de Richard Huges, « A High Wind in Jamaica » qui raconte l’histoire d’enfants enlevés par des pirates, contre toute attente, au jeu de la piraterie, ce sont les enfants qui se révèlent les plus cruels, sans pitié. William Golding s’inspirera de ce roman pour écrire « Sa Majesté des Mouches », ou « Seigneur des Mouches » dans la version filmée de Peter Brook, sorti en mille neuf cent soixante-trois.

Cette version sonore est vraiment magnifique et même époustouflante, Zorn a écrit là une de ses plus belles pages, et les deux guitaristes sont véritablement exceptionnels, l’interprétation est tout simplement extraordinaire, complémentarité ou même symbiose semblent à peu près convenir pour décrire la complicité de ces quatre mains qui tricotent les sons avec maestria et justesse télépathique, c’en est même ahurissant.

Cette complémentarité est souvent, on le sait, tout à fait extraordinaire dans la musique de Zorn, on se borne le plus souvent à parler de perfection, mais là, peut-être y-a-t-il encore un peu plus, comme si l’esprit qui souffle et habite la musique est habité par une âme qui laisse filtrer toutes sortes d’émotions complexes, au fil de la musique nous sommes pris par divers sentiments et sensations que l’on ne retrouve que dans certaines œuvres très à part, une sorte d'ivresse…
01. The Innocent Voyage.mp3
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02. Restless Melancholy.mp3
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03. Hallucinations.mp3
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 4 août 2023 15:31

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The Bagatelles Vol.13 - Speed Irabagon Quartet

Voici venir le tout dernier coffret paru ce mois de juillet dernier, il regroupe les volumes treize à seize autour du thème des anches et des cuivres.

Le premier d’entre eux est consacré au « Speed Irabagon Quartet », c’est-à-dire Jon Irabagon et Chris Speed aux saxs, Christian McBride à la basse et Ches Smith à la batterie. Quelques nouveaux visages apparaissent donc au pays de Zornerie.

Jon Irabagon ne vous est peut-être pas inconnu, il a en effet pas mal enregistré aux côtés de Sylvain Rifflet, on se souvient notamment d’un album consacré à la musique de Moondog. Ici, bien qu’il soit question de bagatelle il est au top de sa forme et brille de tous ses feux.

Chris Speed et John sont impressionnants de justesse, quel que soit le tempo ils jouent à l’unisson avec une rapidité d’enfer, la perfection telle qu’on la connaît chez Zorn, ils nous montrent qu’ils en sont parfaitement capables, la « Bagatelle#213 » le démontre avec une grande efficacité. La « Bagatelle#261 » qui ferme l’album se montre elle aussi très réussie !
02. Bagatelle #213.mp3
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12. Bagatelle #261.mp3
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 5 août 2023 02:03

Je remonte...
Douglas a écrit :
sam. 14 nov. 2020 05:11
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On se souvient du dernier album de Sylvain Rifflet, « Troubadours » dont il avait été question ici il y a environ un an et huit jours, un fameux album qui m’a marqué, sans défaut. Parfois dans les temps un peu plus lointains a-t-il, peut- être, été un peu inégal, pas excellent tout du long, mais ce temps est bien fini, l’œuvre se tient debout, exigeante !

Justement, un concert vu et revu il y a quelques mois sur Mezzo avec des morceaux bizarres, « Jean Moulin », « Greta T. », « Olympe » ! Sylvain Rifflet et son complice Jon Irabagon qui, avec les saxophones, suivaient les intonations des voix enregistrées d’André Malraux, de Greta Thunberg ou de Jeanne Added qui prononçaient des discours célèbres, comme celui qui accompagne l’entrée des cendres de Jean Moulin au Panthéon, celui de Greta Thunberg concernant l’urgence climatique à l’ONU ou bien encore la déclaration des droits des femmes d’Olympe de Gouges.

Un fameux concert qui célèbre et glorifie, ça secoue toujours un peu, a-t-on besoin de modèles, de révolutionnaires et de repères pour mieux grandir ? Sans doute répondent Sylvain et Jon car l’album se nomme « Rebellion(s) ». Il est question également d’Emma Gonzalès qui dénonce la puissante N.R.A. aux Etats-Unis et de Paul Robeson, tout à la fois acteur, athlète, chanteur et militant des droits civiques afro-américain. Musique et révolte, jazz et rébellion se sont toujours mêlés et confondus dans les luttes pour la justice et les droits.

Il faut ajouter également la participation de Sébastien Boisseau à la basse et de Jim Black à la batterie qui forment la rythmique du quartet de cet album. Celui-ci a été enregistré en studio à Budapest en Hongrie, c’est sans doute la raison de ce livret écrit en anglais et traduit uniquement en bulgare. Il faut signaler que l’album reste un peu secret, discret dans sa diffusion, il y a eu quelques traces de fichiers mis en place sur bandcamp et très vite enlevés, une distribution un peu confidentielle, rien sur discogs, pour ma part je ne l’ai trouvé qu’à la Fnac.

Jean Moulin


Greta T.


America: Daybreak


The Adults in the Room
Modifié en dernier par Douglas le sam. 5 août 2023 02:57, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 5 août 2023 02:14

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Sam Shalabi – الموسيقي للعرب = Music For Arabs (2014)

Sam Shalabi est certainement un des musiciens Egyptiens les plus intéressants, particulièrement avec la formation « The Dwarfs of East Agouza » que j’ai aimé suivre pendant ses quatre premiers albums, avant de les perdre de vue. Sur cet album du seul Shalabi l’aventure est plus personnelle, centrée sur Le Caire, la ville qu’il chante ici…

Il faut bien le reconnaître, cet album est assez particulier et risque d’en surprendre plus d’un qui penserait y entendre de la musique arabe avec l’ajout psychédélique ou traditionnel qu’on y trouve souvent, de quoi plaire à tous, aux orientaux comme aux occidentaux.

Sam Shalabi a d’autres préoccupations, il a composé cet album au Caire et a joué de tous les instruments, batterie, percussions, daf, mazhar, oud, rabat, salamiyyah, zummara, harmoniums et différents claviers, ainsi que des guitares, des échantillonneurs et des boîtes à rythmes. Il a importé des conversations de rues qu’il a incorporé à son œuvre par collage, particulièrement sur la première pièce, « Music For The Egyptians ».

L’auditeur occidental se sent un peu mis de côté par la barrière de la langue, car un dialogue s’instaure par-dessus la musique, dont la compréhension semble assez primordiale, d’un autre côté l’album de nomme « Music for Arabs », alors il n’y a pas à se plaindre !

Les invités de l’album parlent ou chantent, ainsi on y entend Aida El Kashef, Maurice Louca, Amir Samman, Sherif Sami et Alan Bishop, son voisin d’escalier, apparemment à l’étage au-dessous. Mais le plus important c’est de souligner l’aspect expérimental de l’album qui pourrait surprendre sur les premiers titres, celui déjà cité et le second, « Luxor Dancer ».

Inversement, les deux derniers sont beaucoup plus accessibles, « The Wherewithal » et « Music For The Egyptians part 2 » qui penche côté traditionnel avec ce magnifique solo de oud, accompagné de temps en temps par un clavier. Les deux autres titres, ceux du milieu sont entre les deux, « Revolution » sur les préoccupations du moment et « The Ennemy of my ennemy » qui mélange modernité et tradition.

Du coup un album dont l’écoute peut précéder l’achat, afin d’éviter d’éventuelles déconvenues.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 5 août 2023 15:22

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The Bagatelles Vol.14 – Peter Evans

Ce second volume du quatrième recueil est consacré à la trompette et à la trompette piccolo, c’est Peter Evans qui se charge de l’effort solitaire sur ce quatorzième épisode. Il semble qu’il ait travaillé par deux fois aux côtés de John Zorn, il connaît donc parfaitement la manière de travailler du maître des lieux.

Lui-même est à l’aise partout où il passe, à l’écoute on s’aperçoit vite que ce musicien est un prodige, mais il a récolté ses premiers satisfécits au contact de la musique classique ou contemporaine, ce qui, jusqu’alors ne m’a permis ni de l’écouter, ni de l’apprécier.

Pourtant il a côtoyé de nombreux et magnifiques jazzmen avec lesquels il a joué, des personnalités comme Mary Halvorson, Steve Beresford, Okkyung Lee, Keiji Haino, Evan Parker, Tyshawn Sorey ou Peter Brotzmann, et d’autres encore…

Ainsi, habitant de New-York, il partage sa carrière entre le Concerto brandebourgeois n° 2 et la Messe en si mineur de Bach à l'église Saint-Pierre, en même temps qu’il participe au Moers Festival, au Bordeaux Jazz Festival, au Jazz à Mulhouse et au Free Music Festival à Anvers.

L’exercice solitaire, on le sait, est exigeant, jouer les bonnes notes ne suffit pas, il faut également dépose les tripes sur la table, à la façon d’un Joe McPhee. A ce jeu, sans doute que la « Bagatelle#184 » remplirait le cahier des charges.

Le Cd possède une durée d’un peu moins de trente-cinq minutes.
07. Bagatelle #184.mp3
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 6 août 2023 03:54

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Cécile McLorin Salvant – Mélusine (2023)

Il attendait sur la pile depuis sa sortie, j’ai daigné, il y a peu, m’y intéresser, et, depuis, il m’accompagne, avec ses chansons en français, créole et même en occitan. Cécile fascine par ses énormes capacités techniques, sa personnalité hors-norme et, je trouve, ce p’tit truc un peu maniéré qui arrive, parfois. Pourtant, je la vénère malgré tout ! A titre de comparaison, Samara Joy qui est arrivé depuis, déclenche chez moi peu d’intérêt…

Et puis, cet album est essentiellement en français, avec de magnifiques chansons venues d’un peu partout, du temps d’avant, du XII ème siècle comme « Dame Iseult », du XVII ème avec « D’un feu secret », du temps de Léo et Aragon avec « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? », superbe avec ce piano devenant tout à coup atonal.

Du temps de Charles Trénet avec « La route enchantée », de Véronique Sanson avec « Le temps est assassin » et Michel Berger et Plamondon avec « Petite musique terrienne » en provenance de Starmania, et « Doudou » qui provient d’Haïti…

Bref ça brasse très large et ça fait du bien ce mélange qui ne semble guidé que par les coups de cœur de la chanteuse, qui réalise un album sans faute, tout aussi à l’aise dans les ventes chez nous qu’à l’étranger, semblant accréditer l’idée, que les amoureux du rock connaissent depuis longtemps, que lorsque la qualité est présente la langue n’est plus un obstacle !

En plus la pochette est vraiment chouette !

Cécile McLorin Salvant - Est-ce ainsi que les hommes vivent ? (Official Visualizer)


Cécile McLorin Salvant - La route enchantée (Official Visualizer)


Cécile McLorin Salvant - Petite musique terrienne (Official Visualizer)


Cécile McLorin Salvant - "Il m'a vue nue" (Official Visualizer)


Cécile McLorin Salvant - Doudou (Official Visualizer)
Modifié en dernier par Douglas le mar. 8 août 2023 08:13, modifié 1 fois.
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