J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » dim. 9 mai 2021 19:52

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Jazz is Dead est un projet de Adrian Young et Ali Shaheed Muhammad (DJ des légendaires A Tribe Called Quest) lancé en 2018 a l'occasion du “Jazz is du Black History Month. A la base c'était des concerts qui se sont transformés en séance d'enregistrement avec plusieurs artistes( Roy Ayers et Marcos Vallee par exemple). La C'est Gary Bartz, légende du saxophone ténor qui s'y colle pour ce 6 ° volume. Album enregistré dans le studio analogique d'Adrian Young


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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 10 mai 2021 05:57

Après cette ballade cosy au Lounge Bar en compagnie de Gary bartz...
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Jimmy Lyons ‎– Push Pull

Je continue cette promenade à travers FJ Manifesto et me voici en compagnie de Jimmy Lyons avec le triple album « Push Pull » paru sur Hat Hut Records, dont le numéro d’identification termine la série des lettres alphabétiques, il sera codifié Y/Z/Z/.

Tout le monde sera d’accord pour considérer que Jimmy Lyons fut avant tout le saxophoniste de Cecil Taylor au sein de l’Unit, mais il ne faut surtout pas négliger les albums qu’il fit paraître sous son nom. « Other Afternoons » sur Byg en soixante-dix, mais surtout « The Box Set » sur Ayler Records, un coffret de cinq Cds.

Mais revenons vite à notre album, conséquent lui aussi, avec ses trois rondelles. Il est issu d’un concert enregistré le six mai 1978 au « Collective for Living Cinema » de New York. L’album paraîtra l’année suivante sur le label Suisse. On retrouve les spécificités de la série alphabétique, catons durs solide et épais, vinyles pesants mais cette fois-ci pas de « goodies ».

Jimmy Lyons est au sax alto bien sûr, il est épaulé par Karen Borca au basson, Hayes Burnett à la basse, Munner Bernard Fenell au violoncelle et Roger Blank à la batterie. Il y a un seul long titre sur le premier album « Mary Mary » qui dépasse les trente-deux minutes.

On retrouve avec plaisir la richesse du jeu de Jimmy Lyons qui se particularise par de fortes racines qui plongent dans le be-bop, pour y puiser la force nourricière qui va lui permettre de délivrer un discours détaché des académismes, sans apriori. C’est cette particularité qui fera de lui le saxophoniste préféré de Cecil Taylor, ainsi ce dernier pourra se libérer et développer un discours très libre et puissant qui forgera son style.

Mais pas de piano ici, un quintet hors norme toutefois, avec Karen Borca, l’épouse de Jimmy, au basson, dont le portrait occupe le côté gauche de la pochette gatefold. Il y a également le violoncelliste Bernard Fenell qui joue d’un instrument assez peu usuel dans le monde du jazz, bien que le free soit plus accueillant pour cet instrument.

Le dialogue saxo/basson commence face C avec « After You Left » qui occupe lui aussi deux faces. Bien que le Hat Hut soit somptueux, certains préféreront la version Cd qui ne coupe pas les morceaux mais les présente en une seule pièce, une remasterisation a également été effectuée. Pour ma part le vinyle me va d’autant que le son est tout de même excellent, malgré une prise de son un peu brouillonne au niveau des cordes sur le premier album.

On le sait, Jimmy Lyons accompagnera Cecil Taylor autant qu’il le put, mais la maladie a décidé à sa place. Ses enregistrements en solo sont assez rares, ce qui les rendent d’autant plus précieux, le choix porté sur cet album par le trio de FJ Manifesto se comprend bien et se justifie, à condition de ne pas considérer cet album comme le seul digne d’intérêt, ce qui s’avérerait tout simplement une erreur.

Jimmy Lyons, Push/Pull 1 of 6


Jimmy Lyons, Push/Pull 2 of 6


Jimmy Lyons, Push/Pull, 3 of 6


Jimmy Lyons, Push/Pull, part 4 of 6
Modifié en dernier par Douglas le sam. 14 mai 2022 02:33, modifié 1 fois.
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Message par Douglas » lun. 10 mai 2021 18:12

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James Zitro - Zitro (1967)

Le dernier album du FJ Manifesto, normal, le classement est alphabétique et nous voilà à la lettre « Z » avec « Zitro », nom du leader-batteur de la formation mais aussi de l’album. Un grand cru 1967 de chez ESP, le label de toutes les folies et de tous les risques !

C’est un album enregistré en studio, il comporte trois titres dont le dantesque « Freeken » de plus de vingt-deux minutes. On pourrait dire que cette pièce est un condensé du free tel qu’il se jouait en soixante-sept. Spiritual, puissant, un simple quintet qui sonne comme s’ils étaient dix sur le pont, ça dégorge sévère pendant la croisière !

James Zitro à la batterie, Bruce Cale à la basse, Michael Cohen au piano, Warren Gale à la trompette, Allan Praskin au sax alto et Bert Wilson au sax ténor. Tous excellents, à l’école coltranienne, sur « Happy Pretty » Bert, compositeur de la pièce, déchire au saxo, départ bop suivi d’une longue exploration qui se termine en apothéose, vents et cuivre se mélangeant dans le cri.

Avec le recul c’et album est parfaitement à sa place dans cette sélection qui se propose d’honorer le free-jazz, l’album est très grand, même si n’y aura pas vraiment de suite et que l’affaire s’arrêtera là. On annonce bien un autre album en soixante-dix-huit sous le nom de Bert Wilson, mais je ne l’ai pas écouté. ESP cache d’autres trésors du free dont certains se retrouvent sur la fameuse liste FJMt°.

Freeken


James Zitro - Zitro
01 Freeken - 00:00​
02 Happy Pretty - 22:11​
03 Fourth - 35:55

Modifié en dernier par Douglas le sam. 14 mai 2022 02:35, modifié 1 fois.
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Message par Douglas » mar. 11 mai 2021 05:33

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The Giuseppi Logan Quartet ‎– The Giuseppi Logan Quartet (1965)

Remontons encore un peu le temps avec ESP pour rencontrer ce superbe album de Giuseppi Logan sorti en 1965, année bénie entre toutes pour les amateurs de free jazz. J’ai la version mono de l’album avec cette pochette superbe, mais il faut jeter également un œil à la sous-pochette assez extraordinaire, avec ce long texte illustré qui s’intitule : « They don’t call it jazz – The Moody Men Who Play The New Music ». Elle est parfaitement reproduite sur Discogs.

https://www.discogs.com/fr/The-Giuseppi ... e/13628060

Déjà de grands noms du free apparaissent ici, Giuseppi joue des saxs ténor et alto ainsi que du hautbois pakistanais, Don Pullen est au piano, Eddie Gomez à la basse et Milford Graves à la batterie. C’est presque le leader le moins connu, pourtant, en cette période, Giuseppi Logan bénéficie d’une grande réputation, on le compare à Albert Ayler, bien qu’il s’en distingue.

Il est alors considéré comme un fin compositeur, sur cet album on remarque « Dance Of Satan » qui se développera lors des concerts et « Bleecker Partita » qui dépasse le quart d’heure. Sur « Tabla suite » qui ouvre l’album, il utilise le hautbois pakistanais pour coloriser la pièce de sonorités orientales.

Il est intéressant d’observer la trajectoire du bassiste Eddie Gomez, qui se retrouvera un peu plus tard aux côtés de Bill Evans où il deviendra un pilier du trio. Don Pullen également, fils (spirituel) de Mc CoyTyner et de Cecil Taylor, il joua également avec Albert Ayler puis avec Charles Mingus et finira en leader d’un band avec lequel il continuera de s’affranchir des règles musicales.

Mais il faut aussi parler de Milford Graves qui dynamise la formation en soutenant chacun des solistes, déjà innovant et créateur, encore aujourd’hui il éblouit et subjugue. Reste à goûter au jeu de sax de Giuseppi, souvent situé dans le milieu de son spectre, il n’utilise pas le vibrato à la façon d’Albert Ayler, bien qu’il soit autant énergivore, son jeu est souvent acide, il transpire une certaine tristesse.

Un classique du free un peu méconnu aujourd’hui, sa présence dans la sélection Free Jazz Manifesto est salutaire et peut-être le signe d’un nouvel intérêt.

Dance of Satan


Bleeker Partita


Tabla Suite


Dialogue
Modifié en dernier par Douglas le sam. 14 mai 2022 02:39, modifié 1 fois.
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Message par Douglas » mar. 11 mai 2021 18:30

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The People Band - People Band 69-70

Voici « The People Band » un collectif qui sortit un premier album en 1970, produit par Charlie Watts, mais je ne l’ai pas écouté. Mon aventure avec ce groupe commence bien plus tard, avec la sortie de bandes d’époque parues sur un double Cd, gorgé de musique et sorti en 2009. « The People Band » comme l’indique le titre c’est une réunion de personnes qui jouent ensemble une musique entièrement libre. Ça se passe à Londres avec des hippies et des babas cools.

Deux heures d’inédits qui se partagent entre les années soixante-neuf et soixante-dix. L’album se répartit en quatre séquences distinctes, la première en studio à Soho, la seconde est une Jam Session à « The house of music », la maison de Mel Davis qui joue des claviers et des percussions, la troisième partie constitue un gig dans un club d’Amsterdam, « Le Paradiso » où se retrouve un quintet issu du People band, et enfin la dernière partie se déroule dans les bois à « Trent Park woods » pas loin de Londres.

L’anecdote qui circule abondamment sur cette formation, et qui en dit long : un « bal » fut organisé par des membres des milieux anarchistes et le People Band animait la soirée, mais ils furent virés au motif que la musique qu’ils jouaient était trop anarchistes pour les anarchistes. Pour dire clairement c’est foutraque, du free total où tout est improvisé, tout l’environnement sonore s’inclut dans la musique et rien n’est interdit, tout est accepté.

L’histoire ne dit pas si les non-musiciens étaient admis, mais rien ne dit non plus qu’ils étaient exclus. Ils aimaient se rencontrer dans la nature, c’est ainsi que certains instrument réputés peu transportables comme le piano et la batterie ne bougeaient pas et servaient de repères fixes au milieu des bois, pour l’installation du groupe, si un avion passait, le bruit qu’il faisait était intégré à la musique…

Le public Hollandais a énormément aimé la façon de vivre et de jouer du People Band, qui allait assez souvent à Amsterdam, comme vous et moi, je suppose. Le quintet qu’on entend ici, issu du groupe, à savoir Paul Jolly au sax alto et à la clarinette basse, Davey Payne au sax alto et soprano, Albert Kovitz aux clarinettes et au piano, Charlie Hart à la basse et Terry Day à la batterie se sont produits au « Paradiso », titre de la pièce également, et un moment haut dans l’album.

Avec son sens inné de l’essentiel voici ce que dit Philippe Robert sur FJMt° à propos de cet album : « Peu importe la technique, la virtuosité et toutes ces choses, c’est l’acte créateur à l’état pur qui sous-entend cette expérience en forme d’utopie ».

J’allais oublier, il y a un bon gros livret avec le Cd, il fourmille d’anecdotes.

ces extraits ne font pas partie du Cd, mais ça donne une idée:

People Band Cafe Oto Part 3


People Band Cafe Oto Part 4


The People Band


People Band Cafe Oto Part 2
Modifié en dernier par Douglas le sam. 14 mai 2022 02:41, modifié 1 fois.
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Message par Douglas » mer. 12 mai 2021 07:39

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Patty Waters ‎– Sings (1966)

Sur E.S.P. voici « Patty Waters Sings » sorti en 1966. L’occasion de présenter une hypothèse sur le nom « ESP » du fameux label. Enfin, une des deux qui tient la corde, ce sigle représenterait les trois premières lettres d’Esperanto, en effet au verso de la pochette figure un petit texte de ce langage qui se veut universel : « Mendu tiun discon ce via loka diskvendejo au rekte de ESP. Eksterlanda prezo :$5.98. Pagu per internacia postmandato ». Il manque quelques accents, beaucoup penchent sur cette explication, mais autant en ont une autre, je vous la présenterai à une autre occasion.

Deux faces dissemblables, sur la première, qui dure un petit quart d’heure, Patty est accompagnée de son seul piano dont elle joue, elle est également compositrice des textes et de la musique. « Voix fragile et murmurée » nous dit Philippe Robert, vous savez où. Sa façon de chanter n’est pas sans évoquer le duo Ran Blake et Jeanne Lee pour ce qui est du recueillement et des silences. Cependant les timbres sont très différents, ici la voix est hésitante, elle vibre, le jeu au piano est juste minimal.

La face deux est différente. Sur mon exemplaire il n’y a pas de label, la galette est entièrement noire. Tous les renseignements sont indiqués sur le label, face A, comme si l’oubli était volontaire, mais je ne suis sûr de rien. La fabrication ESP est souvent artisanale et les exemplaires originaux peuvent avoir de légères modifications.

Un seul titre d’un peu plus de treize minutes face B « Black is The Color Of My True Love’s Hair ». Patty est rejointe par Burton Greene au piano et au piano harpe, Steve Tintweiss à la basse et Tom Price aux percussions. Je ne l’ai pas précisé mais l'enregistrement de l’album date de soixante-cinq. Écoutons à nouveau Philippe Robert sur cette seconde partie de l’œuvre : « Traditionnel illuminé de cris perçants. La tension est là. Apparitions Sporadiques. Légendaire. » Bon tout est dit, un traditionnel transformé par une vision poétique pleine de terreur…

Black Is the Color of My True Love's Hair


The Two Sides of Patty Waters (1966) ESP Disk ‎– 1025 - Free Jazz
Modifié en dernier par Douglas le sam. 14 mai 2022 02:43, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 12 mai 2021 21:13

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Spontaneous Music Ensemble ‎– Birds Of A Feather

Puisant toujours son origine dans la « bible », voici venir « Birds Of A Feather » par le Spontaneous Music Ensemble, un album sorti chez Byg en 1972, mais enregistré à Hérouville le vingt-sept juillet 1971. C’est une période limite pour les enregistrements Byg, par bonheur celui-ci n’a pas été sacrifié et la qualité reste honnête.

John Stevens est batteur, percussionniste et compositeur, Ron Herman est à la basse, Trevor Watts au saxophone soprano et Julie Tippetts ex Julie Driscoll (c’est inscrit ainsi au verso de la pochette) chante et joue de la guitare. Du lyrisme sur le premier titre « One, Two, Albert Ayler » un hommage au saxophoniste mort dans la misère, avec ses mystères.

Un certain radicalisme ici, une improvisation qui semble totale et collective, mais on reste souvent dans un relatif pointillisme, chacun s’inscrivant dans une zone spatiale qu’il ne quitte pas, ainsi se créent des monologues, dialogues, trilogues ou des espaces à quatre où chacun se répond, un peu comme le chant des oiseaux qui échangent par de courtes phrases, des pépiements spontanés, des gazouillements surprenants.

Mais ce « Birds of a Feather » s’interrompt quand la première face se termine et se poursuit sur la seconde comme si de rien n’était. Ici chacun apporte sa singularité qui forme une unicité inédite et féconde, c’est l’addition des bruit, sons, chants et improvisations issue des individualités qui crée une forme nouvelle, une « fusion » acoustique qui trouve sens et crée l’œuvre qui surprend, étonne et subjugue, voire crée avec le temps une certaine addiction.

Le Spontaneous Music Ensemble a su garder au fil des ans et des changements fréquents de personnel, ce qui fait l’essentiel pour un tel collectif : la créativité, le goût des improvisations et la recherche continuelle de la qualité au travers d’une remise en question constante.

Cet excellent album, retenu par FJMt°, n’est que l’un des épisodes de cette création, mais un des sommets, sans doute.

Spontaneous Music Ensemble - 1972
Modifié en dernier par Douglas le sam. 14 mai 2022 02:44, modifié 1 fois.
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Message par Douglas » jeu. 13 mai 2021 05:28

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Jeanne Lee - Mal Waldron ‎– After Hours

Un album qui réunit deux géants, ça se passe en 1994 et ça s’appelle « After Hours », Daniel Soutif, sur le livret joint, explique que les heures dont on parle sont celles du travail et, que les heures « d’après », sont celles de la liberté, du choix, du plaisir de l’écoute par exemple…

Jeanne Lee est une merveilleuse chanteuse, elle a participé à deux albums extraordinaires, incontournables pour l’amateur de jazz, « The Newest Sound Around » en duo avec Ran Blake et « Blasé » d’Archie Shepp qu’elle illumine de sa voix sur le morceau titre. Deux classiques qui semblent ne jamais vouloir vieillir et qui vivront autant que les hommes vivent.

Mal Waldron a joué avec Charles Mingus de 54 à 56, mais, surtout, avec Billie Holiday à partir de 1957, il sera son dernier pianiste, celle-ci nous quittera en 1959. On comprend que Mal s’est formé au duo piano-chanteuse avec la plus grande et qu’en la matière il s’y connait.

Ce qui, bien souvent, signifie savoir s’effacer, rester discret, économe, juste soutenir, du bout des doigts… Un travail de gentleman, quel que soit son immense bagage, briller oui, mais sans faire d’ombre, son jeu est en appui, clairvoyant, maîtrisé, support fragile de la voix, ne garder que l’essentiel, bannir le superflu.

Les morceaux défilent, chacun est une pépite, « Caravan » de Duke, « You Go To My Head », « Goodbye Pork-Pie Hat » de Mingus, « Straight Ahead » célébré par Abbey Lincoln, « Fire waltz » de Mal Waldron et quelques autres encore. L’interprétation du duo est fantastique, de ceux que certains membres émérites du forum classent dans « Les Essentiels ».

Caravan


Goodbye Pork Pie Hat


You Go To My Head


Straight Ahead
Modifié en dernier par Douglas le sam. 14 mai 2022 02:46, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 13 mai 2021 18:36

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Art Ensemble Of Chicago (AACM) ‎– People In Sorrow (1969)

Un choix très volontaire pour cette sélection dans la discographie de l’Art Ensemble Of Chicago, la voie consensuelle désigne le plus souvent la B.O. des « Stances à Sophie », surtout pour le « Thème De Yoyo », que nenni pour les trois du FJMt° qui lui préfèrent le plus risqué « People In Sorrow » paru sur Pathé France et enregistré à Boulogne Billancourt le 7 juillet 1969.

Les musiciens de l’Art Ensemble sont en effet descendus à Paris et ils vont y enregistrer une pléiade d’albums de free jazz, celui-ci est le premier, sur le verso de la pochette ne figure que les noms des quatre musiciens, Lester Bowie, Roscoe Mitchell, Joseph Jarman et Malachi favors.

Aucun nom d’instrument, mais ça s’explique, tant ils en jouent, la liste serait longue, particulièrement les deux joueurs de anches, Joseph et Roscoe, pour Malachi c’est plus simple il joue de la basse et Lester Bowie des cuivres en général, mais surtout, ce qui compte ici c’est que chacun joue des percussions, à foison.

L’ambiance est grandement cool pour cet unique morceau qui s’étend sur les deux faces, le morceau commence par une lente appropriation de l’espace par les instruments, surtout par les percussions puis s’ajoutent petits à petit, basse, cuivre et anches, cloche, clochettes, tambours et mille autres sons venus de toute part, mais en gardant toujours un déploiement spatial qui joue avec les silences, les croisements de sons, les superpositions, mais le plus souvent ces sons sont uniques.

Cette longue fresque sonore se déploie tel un éventail, une occupation spatiale qui prend son temps, ce qui crée une sorte de tension dont on ne sort qu’au milieu de la seconde face, où les sons prennent de l’épaisseur et de l’identité, en guise de final, le quartet joue ensemble en suivant la trame rythmique de la basse pour enfin se libérer dans ce qui ressemble à une composition, fort belle par ailleurs.

Un choix cohérent pour un album que, finalement, j’ai trop peu écouté, malgré une discographie que j’ai pourtant bien parcourue.

People in Sorrow Part I - Art Ensemble Of Chicago (1969)


Art Ensemble Of Chicago - People In Sorrow Part 2
Modifié en dernier par Douglas le sam. 14 mai 2022 02:47, modifié 1 fois.
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Message par Douglas » ven. 14 mai 2021 04:08

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Joseph Jarman, Famoudou Don Moye ‎– Egwu-Anwu

Pour rester un peu avec l’Art Ensemble de Chicago et la sélection FJMt°, voici le double album d’un duo réunissant Joseph Jarman et Famoudou Don Moye, ce dernier ayant rejoint l’Art Ensemble de Chicago au cours de l’été 1970, devenant ainsi le premier batteur régulier de la formation. « Egwu-Anwu (Sun Song) » est paru en 1978, c’est un enregistrement live, enregistré à Woodstock. La pochette du vinyle d’origine est vraiment belle, gatefold, gros carton d’origine et son impeccable pour ce qui est des vinyles.

Le multi instrumentiste Joseph Jarman joue des Saxophones Ténor, Alto et Sopranino, de la flûte, de la Clarinette basse, du vibraphone et même de la conque. Famoudou Don Moye joue de la batterie, des percussions, de la conque également, des sifflets, du marimba et du Drums, du piano à pouces africain (bailophone). Les deux sont compositeurs des toutes les pièces de l’album.

C’est un duo magnifique, on s’éloigne un peu des préoccupations de l’Art Ensemble pour créer un lieu d’échange et de rencontre très différent. C’est léger, place aux percussions dansantes, aux flûtes envoutantes, à l’esprit de la nature, aux mages des forêts, aux habitants des arbres, aux djinns, aux esprits qui nous éclairent avec bienveillance. Place aux rythmes de l’Afrique, au monde enchanteur, aux racines qui sont là.

L’album est sous-titré « Sun Song », le soleil qui donne chaleur et vie, joie et réconfort, qui brûle aussi pour que renaisse la nature et qu’un nouveau départ soit possible. Il y a tout ça dans ce merveilleux album que l’on ne peut qu’aimer si la petite fée du jazz vous a aiguillés en ces lieux.

"Egwu Anwu" (Usa, 1978) de Joseph Jarman & Famoudou Don Moye
Modifié en dernier par Douglas le sam. 14 mai 2022 02:50, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 14 mai 2021 16:03

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Ethnic Heritage Ensemble ‎– The Continuum

Voici Kahil El’Zabar avec l’Ethnic Heritage Ensemble dans un album enregistré en mars 1997, « The Continuum », un projet qui allie la musique tribale avec le jazz. Un quartet inédit se réunit autour de Kahil, Joseph Bowie le jeune phénomène de l’AACM de Chicago au trombone, et de temps à autres aux percussions, Ernest « khaber » Dawkins au saxophone ténor ainsi qu’à l’alto et aux percussions, en remplacement d’Ed Wilkerson, et « Atu » Harold Murray aux percussions.

Kahil El’Zabar étant lui-même batteur-percussionniste et, à l’occasion, joueur de piano à pouces africain, inutile de préciser qu’ici les rythmes se démultiplient à grande vitesse. L’album à cet égard est extraordinaire, il allie la complexité à une grande simplicité, il n’est que d’écouter « Ancestral Song » pour comprendre de suite, des rythmes lents, mais qui balancent, élastiques et sautillants, le chant de Kahil se promène au-dessus d’un rythme hypnotique, qui semble immuable, bien qu’il se renforce imperceptiblement. Les solos se greffent au fil de la chanson, le trombone, puis l’alto, rien d’extraordinaire en apparence, mais les sourires s’accrochent aux lèvres, retour du trombone, cool, chaud, sensuel, tout doux, presqu’une chanson enfantine, un chant se greffe à nouveau, solo de percus, l’affaire dure un peu plus d’une dizaine de minutes qui filent, tranquilles…

Deux reprises au rendez-vous, « Well You Needdn’t » de Thelonious et une version très revisitée du « All Blues » de Miles Davis, qui groove juste comme il faut. Il faudrait également rendre hommage aux souffleurs qui excellent ici, comme sur le long « Ornette », un autre grand moment de l’album.

The Continuum


Ancestral Song


All Blues


Ornette
Modifié en dernier par Douglas le sam. 14 mai 2022 02:53, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 15 mai 2021 06:02

The lad a écrit :
mar. 20 avr. 2021 16:10
Harry James - Buy The Numbers (2021)

Découvert via la page instagram du label new yorkais Potions Music hier après-midi, écouté quatre fois dans la soirée sur Spotify et acheté en deux exemplaires ce matin sur bandcamp (#lenouveaumillénaire) — petit tirage (300) et c'est le deuxième service. New yorkais exilé à Windy City, percussionniste au sein du quarter art rock Chandeliers qui reprend le travail de Terry Riley, Moondog et tout ces noms qui filent la trique aux instits qui écoute du jazz, Harry James livre un disque solo de hip hop fait à la main. Sans machines, les voiles laissent apparaître les fils d'une structure jazz qui fait ressortir une fragilité qui anime les quelques faiblesses et accidents de l'album et le rend d'autant plus attachant. On y entend toutes les légendes validées et très populaires, Alice Coltrane, Dorothy Ashby (Dapper), Les McCann, Galt McDermott, Philipp Glass (The Bandit) et on devine évidemment les pré-cités. Ça m'a bien plu. Poke à Goldandlink, Homeward et Maxime et tout les esthètes dans les parages… Ce disque pourrait sonner chez vous aussi.

Achète : https://harryjames.bandcamp.com/album/buy-the-numbers

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Un petit mot, en écho à ton post, suite à la réception de l’album, bon il a un peu attendu sur la pile mais il correspond bien à l’attente après l’écoute de « kid Icarus ». Quatorze pièces, sept de chaque côté, chacune autour des deux/trois minutes, toutes sur le même schéma, à savoir un duo batterie-piano enregistré sur un quatre pistes dans un studio attenant au domicile d’Harry James (Brenner), en fait une moitié de pseudo utilisé pour signer son premier album solo.

Un album « After Hours » pour ceux qui suivent, en dehors des heures de taff, souvent le soir, ou la nuit ou le petit matin même, il fallait juste finir le morceau, limite imposée par le créateur lui-même. Curieusement il n’y a pas de trace distincte sur le vinyle pour indiquer la limite entre les plages, ainsi la musique file toute seule sans que l’on sache trop où l’on se trouve si on n’y prête pas une attention soutenue, ce qui crée un léger divorce entre les titres et la musique, enfin pour ce qui me concerne.

Une impression de minimalisme qui tient à la limite instrumentale, première contrainte, et à la technique d’enregistrement du son, seconde contrainte, il y a également les contraintes de temps et de durée que s’impose le créateur. Tout cela assemblé donne une identité terrible à l’album qui se construit en variations autour de points fixes et immuables, presque un truc fait main, artisanal. Des références surgissent, de Satie à Madlib, la poésie qui s’envole, la tristesse parfois qui côtoie la mélancolie et même la joie douce…

Merci the lad, pour ces bons moments de musique.

Dapper


From Dogs to Ducks


Un Été Sans Mort


Laika (Rowland Stone)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 15 mai 2021 20:20

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Jac Berrocal & Riverdog ‎– Fallen Chrome

Voici une des sorties pour moi les plus marquantes de cette première moitié d’année, parmi les quelques albums que j’ai écoutés. La rencontre de Jac Berrocal avec le duo de Minneapolis, Riverdog. L’album se nomme « Fallen Chrome », il est extrêmement court, carrément à contre-courant, un peu plus de la demi-heure, mais très dense, du concentré de pur Jac, et ça gicle encore après soixante-treize ans.

Berrocal, je le suis déjà depuis longtemps, de ceux auxquels je suis fidèle car jamais il ne déçoit, il y a toujours quelque chose de trippant dans un album du grand Jac. Sa trajectoire est sans faute, bien que dans l’underground, pas très souvent sous les spots et à peu près jamais vu à la télé. Les deux jeunes, avec leur bonne tête de jeunes, ont l’air heureux sur les photos du livret, à Paris, ils apportent du frais, du rafraîchissant, alors ça va bien avec celui qui refuse de grandir.

C’est un album de chansons, Jac a écrit les textes, il a fait appel également à un très vieil ami à lui, Anthonin Artaud, qui n’arrête pas de ressusciter. Riverdog apportent les synthés, les percus, les voix et la jeunesse qui rit, la noise, le dark et l’ambient.

Le titre d’ouverture « Parcours cicatrice » vous uppercut bien, et déjà je m’inquiète, « trop haut, trop fort, le reste ne suivra pas ! » que nenni mon petit, le parcours est sans faille, jusqu’au « Christ à Loctudy » en passant par « Strange Song », « 10h22 », « Sang facile-Prière » et d’autres, l’intensité ne faiblit pas.

C’est un album Nato avec un beau livret nato et la bénédiction de jean Rochard, mais souvent y’a pas trop d’extraits qui traînent, un seul je crois, « Lint Fire », second sur l’album, rythmique et bidouillages signés Riverdog et la trompette de Jac, au son acide, bouchée dans le lointain qui dialogue avec elle-même…

Jac Berrocal & Riverdog - Lint Fire (Fallen Chrome) | Le Grigri Première
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Message par Douglas » dim. 16 mai 2021 15:05

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Music Revelation Ensemble ‎– No Wave

Voici l’une des formations les plus innovantes formée par le guitariste James « Blood » Ulmer. Au sortir de quelques années aux côtés d’Ornette Coleman pendant lesquelles il a étudié les conceptions innovantes du théoricien du jazz, et particulièrement pour tout ce qui touche à l’harmolodie, qui vise à une sorte d’union entre la mélodie et l’harmonie.

A l’écoute de cet album et également de ceux sortis par Ornette dans la même période, nul doute qu’il y a une parenté et même une communion de style. James « Blood » Ulmer pousse même le bouchon jusqu’à appeler cet album « No Wave » en référence au mouvement punk. Pourquoi pas ? sa musique est si singulière et novatrice qu’elle brise bien des chaînes.

Voici les membres du « Music Revelation Ensemble » tel qu’il est apparu sur cet album, le premier de cette formation, sorti en 1980. James Blood Ulmer est à la guitare, David Murray au saxophone ténor, Amin Ali, fils de Rashied Ali, à la basse électrique et Ronald Shannon Jackson à la batterie et aux percussions.

Par son originalité qui navigue entre jazz, rock et funk cet album a parfaitement sa place à l’intérieur du FJMt°, Philippe Robert y voit même une union entre jazz et No wave, ce qui, de mon point de vue, est un peu osé, mais c’est bien d’oser !

Cet album est vraiment très audacieux, très free, en fait et avant tout, par les mélanges qu’il risque, entre free-rock et free-funk, la liberté d'abord, servie par la dextérité monstre des musiciens, accrochant la musique populaire à celle savante, née du labo de recherche d’Ornette Coleman.

Music Revelation Ensemble - Big Tree


Music Revelation Ensemble - Baby Talk


Music Revelation Ensemble "Sound Check" from 'No Wave'


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Message par Piranha » dim. 16 mai 2021 16:30

L'anglais Lol COXHILL (1932 - 2012) et le collectif WELFARE STATE
Etrange disque que celui-ci. Hommage à la musique de rue, les fanfares, aux expérimentations.
26 vignettes qui viennent composer cet album de 1975 sorti sur Caroline + Virgin

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Avec un poster inclus
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par The lad » lun. 17 mai 2021 09:11

Douglas a écrit :
sam. 15 mai 2021 06:02
The lad a écrit :
mar. 20 avr. 2021 16:10
Harry James - Buy The Numbers (2021)

Découvert via la page instagram du label new yorkais Potions Music hier après-midi, écouté quatre fois dans la soirée sur Spotify et acheté en deux exemplaires ce matin sur bandcamp (#lenouveaumillénaire) — petit tirage (300) et c'est le deuxième service. New yorkais exilé à Windy City, percussionniste au sein du quarter art rock Chandeliers qui reprend le travail de Terry Riley, Moondog et tout ces noms qui filent la trique aux instits qui écoute du jazz, Harry James livre un disque solo de hip hop fait à la main. Sans machines, les voiles laissent apparaître les fils d'une structure jazz qui fait ressortir une fragilité qui anime les quelques faiblesses et accidents de l'album et le rend d'autant plus attachant. On y entend toutes les légendes validées et très populaires, Alice Coltrane, Dorothy Ashby (Dapper), Les McCann, Galt McDermott, Philipp Glass (The Bandit) et on devine évidemment les pré-cités. Ça m'a bien plu. Poke à Goldandlink, Homeward et Maxime et tout les esthètes dans les parages… Ce disque pourrait sonner chez vous aussi.

Achète : https://harryjames.bandcamp.com/album/buy-the-numbers

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Un petit mot, en écho à ton post, suite à la réception de l’album, bon il a un peu attendu sur la pile mais il correspond bien à l’attente après l’écoute de « kid Icarus ». Quatorze pièces, sept de chaque côté, chacune autour des deux/trois minutes, toutes sur le même schéma, à savoir un duo batterie-piano enregistré sur un quatre pistes dans un studio attenant au domicile d’Harry James (Brenner), en fait une moitié de pseudo utilisé pour signer son premier album solo.

Un album « After Hours » pour ceux qui suivent, en dehors des heures de taff, souvent le soir, ou la nuit ou le petit matin même, il fallait juste finir le morceau, limite imposée par le créateur lui-même. Curieusement il n’y a pas de trace distincte sur le vinyle pour indiquer la limite entre les plages, ainsi la musique file toute seule sans que l’on sache trop où l’on se trouve si on n’y prête pas une attention soutenue, ce qui crée un léger divorce entre les titres et la musique, enfin pour ce qui me concerne.

Une impression de minimalisme qui tient à la limite instrumentale, première contrainte, et à la technique d’enregistrement du son, seconde contrainte, il y a également les contraintes de temps et de durée que s’impose le créateur. Tout cela assemblé donne une identité terrible à l’album qui se construit en variations autour de points fixes et immuables, presque un truc fait main, artisanal. Des références surgissent, de Satie à Madlib, la poésie qui s’envole, la tristesse parfois qui côtoie la mélancolie et même la joie douce…

Merci the lad, pour ces bons moments de musique.

Dapper


From Dogs to Ducks


Un Été Sans Mort


Laika (Rowland Stone)
Content que ça t'ai plu. Et j'étais impatient de lire ton point de vue — que je partage — sur ce disque, notamment sur son caractère after hours : c'est tout à fait ça.
Affreux, sale et méchant.

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Message par Douglas » lun. 17 mai 2021 20:43

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Sunny Murray ‎– Sunny Murray

La sélection FJMt° ne pouvait ignorer l’un des plus grands représentants du free qui, de plus, est resté longtemps installé à Paris. Sunny Murray a révolutionné l’usage de son instrument, d’abord aux côtés d’Ayler, puis autour des formations plus ou moins éphémères qu’il a animées.

C’est cet album « Sunny Murray » par « Sunny Murray », donc, qui sera le choix de « My cat is an Alien » et de Philippe Robert. Une nouvelle fois un choix qui se tient, bien que d’autres auraient pu convenir également, comme les deux Byg ou « Big Chief » ou même « Sonny's Time Now » avec le grand Albert.

Un intéressant texte de Daniel Caux se tient à l’intérieur de la pochette gatefold de cet album, ce dernier a toujours défendu le free jazz et ses musiciens, et plus particulièrement Albert Ayler, qu’il a soutenu, aimé et aidé autant qu’il a pu. Il possède également une grande admiration pour Sunny Murray, et il sait nous la faire partager.

Cet album est la retransmission d’un concert qui se donna le huit décembre 1968 au Studio 104 de la Maison de la Radio (ORTF), voici donc André Francis propulsé producteur de cette diffusion au travers de l’émission qu’il anime et présente : « Jazz Sur Scène ». Cet honnête homme s’est toujours montré un peu défiant envers le free jazz, mais tout arrive.

Sont présents un florilège de grandes pointures du free, et pas seulement hexagonal. Outre Sunny à la batterie il y a Ambrose Jackson et Bernard Vitet à la trompette, Ken Terroade au sax ténor, Michel Portal à la clarinette basse et au taragot, François Tusques au piano et Beb Guérin à la basse. Il faut ajouter le poète Hart Leroy Bibbs en tant qu’auteur-récitant sur « Flower train » qui occupe à lui seul la seconde face.

Le public s’est montré réceptif à la musique, dès l’interprétation d’ « Angels and Devils » en hommage à Albert Ayler la partie semble gagnée. Il faut tout de même dire un mot sur le jeu peu académique de Sunny Murray, tout en énergie féroce, tant sur les caisses que sur les cymbales qu’il affectionne. Son jeu est très instinctif, il s’est montré le partenaire idéal d’Albert Ayler, généreux et consumant une énorme énergie, c’est pour moi toujours un plaisir de l’écouter, même si, avec le temps, son jeu, tout en devenant plus sûr, perdra un peu de sa fureur et de son originalité.
Modifié en dernier par Douglas le sam. 14 mai 2022 03:02, modifié 1 fois.
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Message par Douglas » mar. 18 mai 2021 06:54

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Brother Ahh ‎– Sound Awareness

Sun Ra est sur la couverture de FJMt° et il va être un peu question de lui au travers de cet album, puisque Brother Ahh a été corniste au sein de l’Arkestra entre 64 et 75, mais il côtoya également Donald Byrd, John Coltrane, Gil Evans, McCoy Tyner, Roland Kirk et les membres du Jazz Composer's Orchestra avec lesquels il joua.

Cet album est le premier d’une petite discographie, signé sur Strata East, il n’est pas des plus répandus en original. Il est formé par deux titres, chacun situé sur une face. Le premier se nomme « Beyond Yourself (The Midnight Confession) », il raconte la trajectoire, en sept mouvements, d’un homme qui se détache de la drogue et devient moine.

C’est joué par « The Sound Awareness Ensemble » avec Brother Ahh au cor d’harmonie, aux flûtes et autres, Barbara Burton aux percussions, Pat Dixon au violoncelle, et Barbara Grant au chant (soprano). Ça se joue dans le registre de la spiritual music, c’est assez perché, mais c’est très beau, la voix de la sopraniste s’envole, sans prononcer de parole, elle est considérée comme un instrument.

La seconde pièce est plus courte, « Love Piece », dont la musique est écrite par Max Roach, il y a également un récitant, Pat Curtis. Max Roach est crédité au Rap, il y a également le « M'Boom Re:percussion Ensemble » et un chœurs de quatre-vingt-dix voix. Bon il y a du monde, l’ambiance est à l’inverse de la première face, agitée, dans un ambiance torride animée par les tambours et les voix des choristes qui psalmodient tandis que le récitant délivre son message.

Le texte intérieur explicite les intentions des musiciens, de Brother Ahh, mais aussi de Max Roach, ce dernier rend un vibrant hommage à son hôte.

Brother Ahh - Beyond Yourself (The Midnight Confession)


Love Piece
Modifié en dernier par Douglas le sam. 14 mai 2022 03:03, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par gabuzomeuzomeu » mar. 18 mai 2021 16:24

Phil Collins Big Band - Pick up the pieces (live Montreux 1998) .... le Philou n'est pas tout seul ... dans la feature Gerald Albrigth - Sadao Watanabe - Klaus Doldinger - PW Ellis - Geoge Duke and James Carter

L'humour est le seul vaccin contre la connerie… Le con lui n’a jamais trouvé la pharmacie ! (Aphorismes et Blues - Pierre Perret 2020)

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 19 mai 2021 05:46

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Cairo Free Jazz Ensemble ‎– Heliopolis

Un ensemble égyptien qui joue du free jazz ! De quoi surprendre et étonner, en tout cas l’album du Cairo Free Jazz Ensemble, enregistré fin mars début avril 1970 est référencé sur Free Jazz Manifesto. C’est un enregistrement live capté à l’Institut Culturel Allemand du Caire. La formation est dirigée par le percussionniste Salah Ragab qui est également chef du département militaire égyptien de musique.

L’année suivante Hartmut Geerken, musicien compositeur allemand et membre du Cairo Free Jazz Ensemble, invitera Sun Ra en Egypte, ce dernier arriva au pays des pharaons six mois après, et rencontra Salah Ragab avec lequel il enregistra quelques années plus tard, l’invitant à s’asseoir derrière la batterie de l’Arkestra.

« Heliopolis » a tout pour surprendre et étonner, il est possible qu’il soit le premier enregistrement de free jazz enregistré par un orchestre égyptien. Salah Ragab dirige le Big Band en conciliant les acquis du free jazz, improvisations, énergie débridée dans des structures assez lâches, et musique orientale et africaine, instruments typiques et improvisations. Il semble bien également qu’il soit le seul dans ce genre, n’ayant guère essaimé, le tirage très faible de cet album et sa diffusion confidentielle n’ont pas réussi à créer un mouvement pérenne.

Pourtant l’album est agréable aux oreilles free, et même parfois surprenant. « Liberty for Iratilim » occupe à lui seul la première face, c’est une suite organisée et orchestrée autour de passages free, décapants et moments plus calmes qui se succèdent tout au long de la pièce. C’est aussi l’occasion de voir de bons solistes émerger.

La seconde face est partagée entre deux titres, « Turnus » et « Diagnosis for Percussion », ce dernier est assez explicite quant au contenu. Un livret intérieur de six pages avec photos et un texte de Hartmut Geerken écrit en 2018. Une réédition récente permet en effet d’écouter l’album sans trop dépenser, à écouter avant l'achat.

The Cairo Free Jazz Ensemble - Turnus
Modifié en dernier par Douglas le sam. 14 mai 2022 03:04, modifié 1 fois.
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