
Prurient / Nico Vascellari – Jesus - (2010)
Sur la pochette du vinyle paru en deux mille treize, figure un portrait assez serré de Raspoutine, est-ce pour son côté intrigant, scandaleux, débauché et son rôle dans la chute de la famille impériale Russe ? Serait-il le troisième de cette trilogie qui est ici présente, en compagnie de GG Allin et Klaus Kinski ? Toujours est-il que sur l’édition originale de cet album, sorti dans un premier temps sur cassette en deux mille dix, il n’y avait aucune mention de lui. D’ailleurs les titres de l’album se déclinent en différentes versions de «Untitled Jesus » dans un rapport lointain semble t-il avec Raspoutine, mais celui-ci n’était-il pas mystique, religieux, ne faisait-il pas des pèlerinages et ne s’enfermait-il pas dans les monastères, n’avait t-il pas reçu de Dieu des dons de guérisseur et de voyant ?
De toute manière l’album est irrémédiablement sulfureux, il se présente comme un projet conçu par Prurient et l’artiste visuel et photographe Nico Vascellari, visant à souligner ce qui liait GG Allin et Klaus Kinski à Jesus Christ.
Les performances scéniques de GG Allin étaient sans aucune limite, il inspirait le malaise en livrant ses obsessions sans frein. Son rock est violent, définitivement punk, outrageux, il vivait en parfaite conformité avec ce qu’il chantait, se tatouait avec le talent d’un gamin de six ans et s’auto-mutilait. De là à en faire un personnage christique il n’y a qu’un pas que franchit Prurient… C’est d’ailleurs, peu de temps avant sa mort, l’enregistrement d’un discours de GG Allin à Boston, dans lequel il se prit pour Jésus Christ, qui sert de lien à sa présence ici, on en entend des extraits insérés dans la composition.
Klaus Kinski a lui aussi sa part d’ombre, un concept un peu poussé de l'amour filial... C’est cependant une tournée théâtrale de 1968, à laquelle il contribua, qui fait le lien entre « Jesus Christus Erloser » , c'est à dire Jésus Christ sauveur, et sa présence ici. A partir de ces évènements Nino Vascarelli a créé un spectacle et une mise en scène à la façon d’un happening, qui, d’après les récits des spectateurs, était d’une grande beauté…
La première partie de l’album, jouée par Prurient, aka Dominick Fernow, est basé sur un titre de GG Allin « Lisa suck Dog Denial », et la seconde a été créé à partir de « Jesus Christ Erloser ». C’est du noise-indus, discordant, furieux et agressif, ça grince, couine, tandis que la voix hurle et crie, libérant ainsi comme une réponse douloureuse et libératrice à une agression extérieure faite de sons hostiles et déstabilisateurs.
Cet album s'inscrit-il dans une vertu rédemptrice ?
La troisième face est sans rapport avec ce qui précède si ce n’est par une certaine proximité artistique. Clairement nous sommes précipités au milieu d’un chantier, le morceau s’appelle « End of Jesus », c’est vrai, les meilleures choses ont une fin. La quatrième face est une sérigraphie, celle-ci on la déguste uniquement avec les yeux…
Prurient / Nico Vascellari – Jesus (2010)