J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 7 août 2023 02:15

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Jeff Parker, Eric Revis, Nasheet Waits – Eastside Romp (2022)

Comme toujours chez RogueArt, la mise est un peu austère, mais le contenu est bouillonnant et le Cd bien documenté. Un trio donc, Jeff Parker à la guitare, Eric Revis à la basse et Nasheet Waits à la batterie, de la sobriété et de la simplicité donc, c’est lisse, clair et lumineux.

Les compos sont assez bien distribuées, on ouvre avec une reprise de Marion Brown, « Similar Limits », très beau, la route se poursuit avec « Wait » une des deux compos signées par Jeff Parker, toujours dans cette voie légère et lumineuse, la troisième pièce est plus mystérieuse elle charrie un climat inquiet et mystérieux qui fonctionne à plein et s’installe dans la durée, c’est « Between Nothingness and Infinity » signée par le batteur, lui aussi reviendra un peu plus tard avec une autre compo.

« Drunkard’s Lullaby » qui poursuit notre course est composée par notre bassiste, ainsi chacun participe aux compositions, la pièce fonctionne autour d’une contrebasse centrale qui distille une ligne sur laquelle les impros se greffent, ici Jeff Parker semble vouloir contrer la mélodie, s’éloignant pour la première fois de cette « ligne claire » qui régnait jusqu’alors sur l’album, un peu de distorsion, de parasitage, histoire de porter, avec mesure, une dose déstabilisante.

Le morceau titre arrive « Eastside Romp » qui semble le fruit d’une impro collective, une rythmique très dense avec Nasheet Waits qui tisse un tapis rythmique très riche, évolutif, qui s’enrichit doucement, la basse bétonne, alors la guitare de Jeff n’a plus qu’à se déployer sur ce terreau fertile.

On reconnaît l’écriture de Nasheet sur le titre suivant, « A Room for VG » toujours ce côté mystérieux, un peu anémique cette fois, la pièce est pleine de silences lourds et tendus. « Watusi » de Jeff termine l’album, encore une pièce très équilibrée, un peu plus traditionnelle peut-être.

Vraiment un chouette album car les trois forment un véritable trio où tout fonctionne, l’écoute est toujours agréable et coule comme du miel, juste un zeste d’aspérité de temps en temps, histoire de corser un peu l’affaire. Les amateurs de Jeff Parker ne rateront pas cet album, ils en seront récompensés, mais les trente-huit minutes passent vraiment trop vite !

Modifié en dernier par Douglas le mar. 8 août 2023 17:11, modifié 1 fois.
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Message par Douglas » lun. 7 août 2023 14:25

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The Bagatelles Vol.15 - Ben Goldberg 4

Voici un quartet mené par le clarinettiste Ben Goldberg, on y trouve Craig Taborn au piano, Jorge Roeder à la basse et Thomas Morgan, non pas à la batterie, mais à la basse également. Une belle originalité, mais la promesse est tenue car le duo de bassiste est phénoménal, même si, il faut bien le reconnaître, il n’est pas aisé de savoir quel est le périmètre respectif de ces deux fougueux bassistes.

Sans trop s’avancer, il est notable que Ben Goldberg est l’un des maîtres de la clarinette klezmer. On retrouve ce jeu qu’il aime, avec des espaces, des silences et l’esprit de Jimmy Giuffre qui souffle encore ici. Beaucoup de maîtrise de ce côté, tandis que de l’autre, le grand Craig Taborn tisse des grilles et des harmonies, avec la maestria qu’on lui connaît.

Un album érudit, avec la jolie Bagatelle#150, la romantique Bagatelle#161 et la volubile Bagatelle#32.
02. Bagatelle #150.mp3
(6.94 Mio) Téléchargé 84 fois
10. Bagatelle #161.mp3
(11.33 Mio) Téléchargé 94 fois
11. Bagatelle #32.mp3
(7 Mio) Téléchargé 85 fois
Modifié en dernier par Douglas le mar. 8 août 2023 14:45, modifié 1 fois.
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Message par Douglas » mar. 8 août 2023 03:46

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Katz – La Dernière Chance (2007)

Bon, celui-ci est arrivé, malgré tout, en dépit du raisonnable, contre toute attente, et même contre vents et marées, du hasard et de la chance, un peu d’opportunité également, et un distributeur qui distribue malgré le temps qui passe, parce que c’est son job et qu’il le fait bien… Oui, ça ressemblait à quelque chose qui pourrait s’appeler « la dernière chance », cette affaire-là…

Parfois un nom me suffit, cette fois-ci c’est celui de Mathieu Sourisseau, il jouait de la guitare basse aux côtés d’Eténèsh Wassié, extraordinaire chanteuse éthiopienne, les deux ont fait deux albums extraordinaires, je vous les conseille au cas où…

Donc Sourisseau est un membre du quartet, il joue des guitares et du banjo, mais le compositeur, joueur de saxo et de scie musical, il chante aussi, c’est Marc Démereau, un peu leader quoi… Il y a également Philippe Geida à l’orgue et à la voix, ainsi qu’Alexandre Piques à la batterie. Des toulousains en fait, qui ont enregistré l’affaire en deux mille quatre, il faudra trois ans pour que le tout petit label « Mr Morezon » termine le chantier…

La pochette Cd est une sorte de poster plié avec un téton dans l’un des rabats pour accrocher le Cd. Miser sur l’originalité est plutôt positif, du coup le dessin sur la pochette n’est que l’un des éléments ici, on peut trouver quelques textes et renseignements, avec photo et surtout illustrations.

« Le peu civil maître de cérémonie kotsuké no suké » qui ouvre l’album est magnifique, hypnotique et balancé, rythmique répétitive et développements imaginatifs, l’album commence fort ! La seconde pièce, « Les ongles » est également surprenante avec ce côté déjanté qui va, un thème dont il fallait, c’est sûr, faire une chanson, sur un texte de Jorge-Luis Borges et avec l’accent toulousain s’il vous plaît !

La troisième pièce « Le rédempteur effroyable Lazarus Merell » qui dépasse le quart d’heure est également chouette, des passages improvisés sont incorporés, ce qui contribue à l’atmosphère de liberté qui souffle ici, en reculant les cadres et en faisant place à la créativité, au prix, sans doute, d’une brisure dans la continuité, le final est bien réussi.

« L’assassin désintégré, Bill Harrigan » bénéficie des paroles écrites sur un volet de la pochette, une sorte d’hommage à Billy The Kid, traduit d’un texte de Jorge-Luis Borges, « The Disinterested Killer Bill Harrigan », une biographie imaginaire de la légende de l’ouest. L’extrait chanté ici se termine par « Le bandit presque enfant qui en mourant à vingt ans devait à la justice des hommes vingt et un morts, sans compter les mexicains. »

On repart pour un quart d’heure avec « L’imposteur invraisemblable Tom Castro », une chouette pièce encore, Marc Démereau s’y montre à l’aise au saxo. Philippe Gelda s’y dévoile probablement un peu bavard, mais c’est aussi le prix d’une lente montée en puissance qui s’avère bien menée, et qui va nous faire tourner et nous emporter…

« La dernière chance arrive » encore un superbe titre, puis « Les distances », épique, avant de se quitter, soixante et douze minutes après, laissant derrière-nous les traces d’un drôle de western halluciné…


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Message par Douglas » mer. 9 août 2023 02:25

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The Roy Campbell Ensemble – Akhenaten Suite (2008)

Le trompettiste, cornettiste et clarinettiste Roy Campbell est le fondateur du « Roy Campbell Ensemble » qui, lors de ce septième album, interprète cette œuvre ambitieuse, une suite autour de la vie d’Amenhotep IV, pharaon de la dix-huitième dynastie. Cette œuvre a été spécialement commandée par « Arts for Art » et jouée pour la première fois au « Festival Vision deux mille sept » où elle a été enregistrée pour faire l’objet de ce Cd.

Roy Campbell est accompagné par Billy Bang au violon, Bryan Carrott au vibraharpe, un instrument de la famille du vibraphone, Hilliard Greene de la basse et Zen Matsuura de la batterie. La suite est très écrite, à la façon des grands maîtres anciens, comme Duke Ellington ou encore Gil Evans, mais elle s’inscrit dans un trip post-bop modale, ce qui lui donne une modernité assez trippante, sur le livret joint on cite même Sun Ra et ses « Heliocentric Worlds », ce qui, en terme comparatif, est sans doute excessif.

Le solo de trompette dans « Pharaoh’s Revenge part 1 » est particulièrement décapant, par exemple, d’ailleurs d’une façon générale les solistes sont exceptionnels, que ce soit Billy Bang ou Bryan Carrott. Il y a au total sept parties qui se succèdent en formant une sorte de « grand œuvre » de la part de Roy, il y a de la majesté dans ce qu’on entend, bien qu’ils ne soient que cinq, à l'écoute on les imagine, dans sa tête, plus nombreux encore…

Je n’insiste pas davantage sur le jeu de Billy Bang, il est parfait à son habitude, extrêmement précieux et juste, s’entendant merveilleusement avec Roy, il ne vire pas trop vers les glissements un peu sournois et déjantés qu’on lui connaît assez souvent, restant le plus souvent dans le rôle qui lui a été attribué.

C’est la position des lames qui justifie le terme de « vibraharpe » mais à l’écoute, il est difficile d’entendre une différence avec le vibraphone auquel nous sommes habitués, Bryan Carrott possède un peu le rôle que l'on confie souvent au pianiste, entre rythme et harmonie, chacun est ici à sa place, y compris la rythmique absolument parfaite.

L’œuvre se termine avec « Sunset On The Nile », pourquoi pas ? La suite est en effet plutôt optimiste, très rythmée, se tenant sagement dans des cadres établis. Un album qui donne l’envie de creuser encore davantage l’univers de ce trompettiste au parcours passionnant, dont nous avons parlé avec « Jemeel Moondoc & Muntu », ou encore « The Blue Series Continuum » ou bien encore sur d’autres œuvres de William Parker ou de Marc Ribot.

Akhenaten (Amenophis, Amenhotep IV)


Aten and Amarna


Pharaoh's Revenge Part 2


Sunset On The Nile
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 9 août 2023 14:26

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The Bagatelles Vol.16 – Sam Eastmond

Il se raconte que certains acheteurs du coffret commencent l’écoute par ce volume seize de bonne réputation, bien qu'il soit le dernier, sans doute est-il prévu pour une sorte d’apothéose ! Ce qui est sûr c’est qu’il contient soixante et onze minutes de musique et même un peu plus, de quoi nourrir ceux qui attendaient sa parution avec une sorte d’impatience !

C’est sûr qu’il est bon celui-ci et qu’il pourrait rafler la mise, le britannique Sam Eastmond dirige et conduit un grand orchestre comprenant douze musiciens, avec force anches et cuivres, puisque ce coffret leur est consacré ! Voici les musiciens dans leur totalité :
Chris Williams alto sax, Asha Parkinson et Emma Rawicz tenor sax, Mick Foster sax baryton, Noel Langley et Charlotte Keeffe trompette et bugle, Joel Knee trombone, Tom Briers tuba, Moss Freed guitare, Olly Chalk piano, Fergus Quill basse et Alasdair Pennington batterie.

Sans doute ne sont-ils pas tous très connus, mais les musiciens sont tous exceptionnels, la direction d’orchestre et les arrangements sont brillantissimes, plutôt modernes et au goût du jour, avec pas mal de variété rythmique et des solistes de qualité. On pourrait citer quelques grandes références que l'on pourrait évoquer, comme Duke Ellington sur la Bagatelle#78, Charles Mingus ou Gil Evans pour les arrangements, mais nous ne le ferons pas…

Contentons-nous d’admirer ces superbes envolées, comme sur la Bagatelle#74 ou la Bagatelle#198 !

En attendant le coffret suivant !
07. Bagatelle #74.mp3
(21.32 Mio) Téléchargé 82 fois
06. Bagatelle #198.mp3
(26.55 Mio) Téléchargé 89 fois
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 10 août 2023 04:20

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Andrew Cyrille – Special People (1981)

Le label Soul Note qui patronne cette sortie a été créé par Giovanni Bonandrini qui avait succédé au fondateur de Black Saint, en effet ces deux labels sont cousins. Black Saint fondé en mille neuf cent soixante-quinze se consacrait aux musiques d’avant-garde, plus free, tandis que Soul Note, créé en mille neuf cent soixante-dix-neuf recueillait les musiques plus abordables, plus commerciales.

Cependant, avec le temps, les contours sont devenus plus flous et les albums n’obéissaient plus aux critères établis. Ainsi cet album d’Andrew Cyrille n’est pas si facile à caser, ce sera Soul Note, bien que Black Saint, me semble-t-il aurait tout aussi bien convenu.

Andrew Cyrille est aux percussions, y compris batterie, évidemment. Il a invité David S.Ware, le puissant saxophoniste, à la fête, avec Ted Daniels à la trompette et au bugle et Nick Geronimo à la basse. Un quartet exceptionnel. L’enregistrement s’est déroulé en octobre et est sorti l’année suivante, en quatre-vingt-un.

Ce qui fait la qualité de cet album c’est essentiellement celle de ses membres, les quatre, réunis autour des compos d’Andrew pour les sublimer. On pense naturellement à David S.Ware, soliste vedette remarquable, déjà impeccable, particulièrement pour la mise en place de ses duos combinés avec Ted Daniels.

En effet, ils ont la bride sur le cou et s’en tiennent assez souvent à lire les thèmes à l’unisson, ce qu’ils font avec maestria. Fort heureusement les solos se débrident petit à petit et l’expression devient plus personnelle, bien que l’on attende davantage de cette réunion. Pourtant, à ce jeu, le plus libre est probablement le bassiste Nick Geronimo qui se régale bien souvent et nous fait partager le son grave et l’élasticité de sa basse.

Cinq thèmes sont joués, il n’est pas aisé d’en sortir un parmi les autres, car aucun ne se détache vraiment, bien que « Baby Man » nous laisse admirer les souffleurs en solo parfait lors de l’introduction de la pièce, ce qui est un exercice bien sympa.

La dernière pièce « Special People » connaîtra une vie après cet album et sera jouée lors des concerts d’Andrew. La pièce vire free et offre à David S.Ware l’opportunité de débrider complètement son jeu, ce qui nous permet de profiter à plein de son talent d’improvisateur, d’autant que Ted Daniels lâche lui aussi les chevaux, l’album se libère enfin, dommage qu’il faille attendre aussi longtemps pour profiter de cette énergie qui ne demandait qu’à jaillir enfin. Après un solo d’Andrew l’album se clôt, laissant le sentiment d’un rendez-vous, hélas, un peu manqué… Mais je suis, c'est sûr, bien trop sévère, écoutez "A Girl Naled Rainbow" et "High Priest", ça relativise, quand même !

Baby Man


Special People


A Girl Named Rainbow


High Priest
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 11 août 2023 03:12

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Alexander von Schlippenbach – Globe Unity (1967)

Cet album a été enregistré les six et sept décembre mille neuf cent soixante-six à l’Ariola Studio de Cologne. Sans risque de se tromper on peut le qualifier d’historique. Tout d’abord pour la musique qui est jouée, par un collectif d’improvisateurs free. Mais également pour la première présence phonographique de Peter Brötzmann et de Peter Kowald.

On pourrait également citer la réunion de deux batteurs qui feront un bout de chemin vers une autre musique, tout aussi passionnante, Mani Neumeier de Guru Guru et Jaki Liebezeit du futur groupe Can. Mais il faudrait également citer Manfred Schoof, Willem Breuker, Gunter Hampel, Buschi Niebergall et d’autres encore, ils sont quatorze réunis aux côtés d’Alexandre von Schlippenbach, ce dernier conduit la musique, joue également du piano et des percussions.

La première face est occupée par « Globe Unity » une plage d’un peu plus de vingt minutes, c’est un monument du free jazz, incontestablement, il y a une structure, un ordre qui s’impose d’évidence, pourtant la marmite free est impressionnante, puissante, énorme et dévorante, elle surgit et avale tout.

Pendant les intervalles les solistes jaillissent avec une foi énorme, sur ce fond chaotique et instable, ils se succèdent et déballent leurs arguments, striant l’espace et fendant la masse, ils sont victorieux et impérieux le temps de quelques mesures. La structure imaginée par Von Schlippenbach est gagnante et s’impose avec brio, la succession des solistes, Brötzmann, Schoof ou Von Schlippenbach sert à merveille ce pur joyau qu’est cette première face, un chef d’œuvre du free, très certainement.

La seconde pièce, « Sun » possède une durée équivalente, mais la structure est très différente, une fois de plus les silences s’invitent et ponctuent le chaos ordonné de cette suite qu’il convient, me semble-t-il d’apprécier couché, allez savoir pourquoi, la position s’impose à moi…

Pour autant, vous ne vous endormirez sans doute pas facilement car les intensités sonores sont extrêmement variables, et souvent surprenantes. Les instruments joués épousent également un très vaste champ, la lecture sur la pochette est très révélatrice de cette diversité, par ailleurs les percussions sont très à la fête ici.

On retiendra que c’est probablement le premier big band de free jazz européen que l’on puisse entendre, sauf erreur de ma part… Ce qui est sûr c’est que l’album est culte et qu’il fait partie de cette liste que les amateurs de musique improvisée doivent avoir probablement écoutée.

Globe Unity


Sun
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 12 août 2023 02:31

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Gabriel Zucker – Weighting (2018)

Un album ESP sorti en deux mille dix-huit, Gabriel Zucker est pianiste et compositeur, il dirige ici un quartet composé de Adam O’Farill à la trompette, Eric Trudel au saxophone et Tyshawn Sorey à la batterie. Des musiciens chevronnés de grande qualité. L’album s’inspire d’un roman écrit en deux mille treize par Rachel Kushner, « Flamethrowers », un extrait est proposé à l’intérieur du Cd. Ça commence comme ça :

« Tous ces manteaux qui le tiraient vers le bas avaient rappelé à Sandro une tribu dont son père lui avait parlé, au fond de l'Amazonie brésilienne, qui se lestaient de pierres pour que leurs âmes ne s'égarent pas. »

Ce monde dont on parle est celui des personnes qui ne veulent pas que leur âme devienne errante, qu’elle s’échappe et vagabonde… Gabriel nous place dans un monde onirique, en suspension, celui des âmes qui explorent le monde, mais il ne faut pas qu’elles se perdent…

Zucker navigue entre classique et jazz, bien qu’il ne fasse pas les deux dans le même élan, il y a tout de même quelque chose qui s’échappe, pas l’âme, non, mais un état d’esprit, une certaine rectitude. Pourtant cela ne gêne jamais, bien au contraire la musique gagne en force et en conviction.

Il faut dire que l’album est une petite pépite, pour qui se sent l’humeur contemplative, vous serez emmenés et portés vers des hauteurs sublimes, promenés en délicats endroits, tout de fragilité et de sensibilité…

Il y a trois parties et huit mouvements, la première se nomme « Soul », la seconde « Appointements » et la troisième « Stones ». Quand on embarque il est très difficile de quitter le navire, tellement le voyage est prenant, les pièces s’enchaînent avec virtuosité sans jamais faiblir en qualité, il a la force d’une emprise, douce, je vous rassure…

Les musiciens sont formidables, tous, depuis l’habile Tyshawn Sorey jusqu’aux souffleurs, sans doute les pièces sont-elles très écrites pourtant jamais de froideur, c’est même tout le contraire, tout est chaleur et passion. C’est certain il y a quelque chose à creuser ici.

Would It Come Back to You?


A Movie, a Lover


The Stones in My Pockets


Weighting Record Release Concert (excerpt) - Zucker, Sorey, O'Farrill, Nelson
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 12 août 2023 17:50

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Horace Tapscott – The Dark Tree Volume 2 (1991)


Tout le monde le sait à Landerneau, qu’Horace il est costaud

Jusqu’à Pancran, Plouédern ou au P’tit St.Eloi ça se sait, et ça se dit que Tapscott, il a la foi

A Saint Pabu, Saint Renan ou Brest, Tout le monde le reconnait : c’est lui « The Best »

Jusqu’à Morlaix, Quimper ou Concarneau, les jazzeux le savent, et se le disent



De Lorient à Rennes et jusqu’à St Malo de bouche à oreille, et de bar en bar

Rue de la Soif, rue des Larmes ou rue de la Mer, ça titube et ça circule

Jusqu’à Caen, Laval ou Nantes, la nouvelle a bien roulé

A Rouen, Le Mans ou à Angers, de l’arbre noir on a causé

Pas celui de Nino, oh no !

De Paris, Lille jusqu’à Bordeaux, ce bruit venu de Landerneau

A diffusé, s’est éparpillé, jusque dans le monde entier

A Londres, Madrid et Port-de-Bouc, du « Dark Tree » on a parlé



Les bataves, les teutons et les suèves l’ont écouté

Bien après que les Ostrogoths, Wisigoths et autres Goths soient passés

Un peu partout sur la terre ça s’est ébruité, « The Dark Tree », Oh ! Oui !

A Lima, au Cap et à Jakarta (caisse dans l’garage), ça s’est aussi su, c’est sûr



Au nord, au sud et là-bas, il se raconte qu’il se peut…

Oui, ce bruit vient de Landerneau, pas loin du bord de l’eau

… que cet album soit le meilleur…

Jusqu’à Vénus, Mercure et Lassay-Les-Châteaux ça se raconte que

De son œuvre, à Horace, ce soit le point culminant, le sommet, son chef d’œuvre

Mais ça, personne, ni César, Rosalie ou Brigitte, n’est obligé de le croire…

Non, non, ce sont juste des bruits venus de tout là-haut, de Landerneau…

Sandy and Niles


Bavarian Mist (Live)


The Dark Tree 2 (Live)


Nyja's Theme (Live)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 13 août 2023 02:53

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Ethnic Heritage Ensemble – Impressions (1982)

C’est le second album de l’Ethnic Heritage Ensemble, il date de quatre-vingt-deux et il n’y a pas encore cette habitude, qui s’inscrira plus tard dans la continuité, d’ajouter un invité au trio, à chaque nouvelle sortie d’album. Du coup ils sont trois, les piliers d’alors, Henry « Light » Huff au sax soprano, à la harpe et aux percus, Ed Wilkerson au saxo ténor, au piano et aux instruments à bois, et Kahil El’Zabar, grand organisateur, est solide aux percus et à la batterie, les trois signent l’ensemble des compos.

Celles-ci vont tout doux, tout calme et toucouleur, c’est cool, cool, cool. Des rythmes softs et réguliers, qui balancent et groovent juste comme il faut, mais faut pas s’énerver. Il y a des bruits qui arrivent, des sonorités de tous ordres, des tintements, des grelots, des percus qui balancent et ambiancent, histoire de faire bouger les corps, mais doucement, sans à-coups, juste bercer le crâne, qu’il ballote de ci-de là…

Des instruments exotiques aussi, qu’on entend, mais qu’on ne détaille pas trop sur la pochette, des flûtes bizarres, peut-être même des jouets, mais rien n’est sûr. Il y a sept segments et une seule compo, « Impressions » qui se divise en « part », la sixième est peut-être la plus énervée, mais pas trop quand même, faut pas déranger le chat…

On trouve déjà ce souci de la coolitude qui habitera la formation et la musique de Kahil en général, ainsi que cette prédominance des rythmes, pas forcément forts, ou très en avant, mais présents à chaque séquence, dans la musique qui avance, juste une nécessité parce qu’on ne sait pas faire autrement, le rythme est partout, jusque dans le sang.

Alors l’album est modeste, juste et modeste, sans fioriture ni artifice, de la musique simple, qui vous accompagne, ce qu’elle fait très bien, elle vous suit et sait le faire un peu partout, ce qui est pratique, elle apporte le calme et la douceur, apaise l’âme, et c’est déjà beaucoup.

Ethnic Heritage Ensemble - Impressions (excerpt, side 1)


Ethnic Heritage Ensemble - Impressions Side A Part II


Impressions Pt. 6


Impressions Pt. 7
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 14 août 2023 03:13

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William Parker Quartet – Sound Unity (2005)

Cet album, mine de rien, fait partie de ceux qui sortent du lot. Il n’est pas révolutionnaire, s’inscrivant dans ce qu’on a appelé le post-bop, catégorie fourre-tout et non précise qui permet de mettre presque tout. Pourtant, au début de ces années deux mille, il y avait une expression, qui n’a pas fait flores, mais qui correspondrait bien à notre cas, on parlait parfois de « free-bop », réunissant deux termes qui correspondaient parfaitement à cette musique de la fin des années cinquante et du début des années soixante, où s’écoutaient Ornette Coleman, Eric Dolphy ou Don Cherry…

On s’y croirait, et c’est un délice ! On peut penser également à cette trilogie de Don Cherry au café Montmartre de Copenhague dont je vous ai parlé il y a peu, c’est à peu près çà, mais avec un son exceptionnel cette fois, car l’enregistrement brille par sa clarté, sa lumière, la pureté minérale de la captation.

Ce pourrait même être une révélation pour ceux qui ne connaissent pas trop William Parker, sa contrebasse brille de mille feux, on peut la suivre avec facilité et clarté, son discours est brillant, plein d’idées et d’une très haute technicité, c’est juste un pur régal, d’autant qu’il fait la paire avec l’incroyable Hamid Drake, lui aussi très en valeur, subtil et fin rythmicien, cette paire est une des meilleures du jazz, tout simplement.

Il faudrait également parler des deux souffleurs, Rob Brown au saxophone alto et Lewis Barnes à la trompette, sans doute n’ont-ils pas la même notoriété que les deux autres, pourtant ils sont vraiment parfaits et s’entendent à merveille. Les deux ont d’ailleurs déjà joué aux côtés de William Parker, et Rob Brown enregistre encore aujourd’hui sous son nom.

L’enregistrement est live au « Vancouver International Jazz Festival », le deux juillet deux mille quatre, ainsi qu’au « Suoni Per Il Popolo » de Montréal le vingt-sept juin de cette même année. Quatre titres pour le premier cité et deux autres pour le second. Il me reste à vous dire que cet album a connu un grand succès d’estime à sa sortie.

La pièce « Wood Flute Song » est écrite à l’intention de Don Cherry, musicien pour lequel William Parker a une très grande admiration, celle-ci s’entend partout sur cet album, par ailleurs. « Hawaii » est dédiée à Franck Lowe, un endroit qu’il aurait aimé visiter, bien qu’il soit déjà malade, lorsqu’il confia ce souhait à William. « Poem for June Jordan » est dédiée à cette écrivaine qui est restée plutôt assez méconnue.

Un album absolument parfait dans ce créneau, le « free bop » !

William Parker Quartet - Sound Unity 1/2


Groove


William Parker Quartet - Sound Unity 2/2


William Parker Quartet "Wood Flute Song"
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 15 août 2023 01:30

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Fred Frith – Speechless (1981)

Un album un peu fou-fou, un brin déjanté qui s’en va dans tous les sens. Il se passe toujours quelque chose ici, mais c’est fouillis, touffu, difficile à suivre. Non pas qu’il y ait un manque de cohérence, ou un aspect bordélique, ou encore un laisser-aller coupable, non, non, rien de tout ça, ce serait plutôt « trop » riche, des idées à toutes les étapes, une créativité continuelle et sans limite qui frôle avec le trop plein, de quoi vous faire perdre la tête et vous enivrer…

Afin de mieux s’y retrouver, on peut noter trois étapes importantes de l’album, mais déjà précisons qu’il est sorti d’abord en vinyle, puis en réédition Cd, augmentée de six titres. La face A serait comme une première partie sur laquelle Fred Frith est entouré par Etron Fou Leloublan, cette partie est géniale.

La seconde, un peu différente, mais pas trop, est jouée en compagnie du groupe Massacre, dont je vous ai déjà détaillé la discographie, pour résumer vite, disons que cette partie, avec quelques invités de passage, est également géniale. Pour ce qui concerne les bonus, tout ce qu’on peut en dire c’est qu’ils sont géniaux également. Ce court résumé indique à quel genre d’albums on a affaire.

Je passe sur les différents lieux d’enregistrements, studio, live de différents concerts, pour parler plutôt du contenu : des collages nombreux, du folk en pagaille, qui va et qui vient, des références, ici ou là, de musique ethnique, des plages vives et d’autres calmes, paresseuses, parfois avec de l’humour, c’est vrai on rit par ici…

C’est un peu expérimental, mais pas trop, plutôt aux côtés de Massacre, mais ça n’effraie personne, c’est bucolique de temps en temps, avec des tonnes d’impros, mais des danses également, un patchwork inextricable avec des extraits audios venus de toute part, collés, assemblés, transformés : gros taf au niveau du studio !

C’est une véritable aventure créative à laquelle nous sommes invités, il suffit de s’y brancher et de se laisser porter pour participer à l’un des voyages les plus étonnants qui soit. Le répertoire sonore qui défile ne cesse de faire référence à tout un monde folk, jazz, rock ou progressif, réveillant notre mémoire sensoriel et nous maintenant éveillé en permanence, de quoi bien s’échapper de notre environnement ambiant pour une bonne heure hors du temps…

Fred Frith - A Split in the Ocean


Fred Frith - Navajo


Fred Frith - Kick the Can (part 1)


Fred Frith - Domain de Planousset


Fred Frith - Laughing Matter / Esperanza
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Bebeto » mar. 15 août 2023 17:25

François Jeanneau - Une bien curieuse planète, '75)
Douglas, je ne sais pas si tu l'as déjà présenté. Si non, il fallait un petit coup de projo sur cette œuvre et ce Saxophoniste. Il a joué (Triangle) et jouera pour d'autres et c'est son premier opus en solo. On est dans le Free à la française, quelques pointures l'accompagnent, Jenny-Clark (basse et percussions), Lubat (batterie) et Michel Graillier (sorti de Magma, aux claviers qui vont donner une coloration Space à l'ensemble). A noter un hommage à Mr JC for ever...

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 16 août 2023 03:08

Bebeto a écrit :
mar. 15 août 2023 17:25
François Jeanneau - Une bien curieuse planète, '75)
Douglas, je ne sais pas si tu l'as déjà présenté. Si non, il fallait un petit coup de projo sur cette œuvre et ce Saxophoniste. Il a joué (Triangle) et jouera pour d'autres et c'est son premier opus en solo. On est dans le Free à la française, quelques pointures l'accompagnent, Jenny-Clark (basse et percussions), Lubat (batterie) et Michel Graillier (sorti de Magma, aux claviers qui vont donner une coloration Space à l'ensemble). A noter un hommage à Mr JC for ever...
Tu fais bien de signaler cette sortie du Souffle Continu, que je n'ai toujours pas écoutée, ni même achetée, indispensable en effet tellement il faisait partie du paysage français à l'époque ! merci pour cette mise à jour !
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 16 août 2023 03:39

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Delirium – Green Side Up (2011)

Des gars du nord, mais du nord-nord, un finlandais et trois danois. Le finnois c’est Mikko Innanen, il joue des saxos, alto, baryton et soprano. Kasperg Tranberg joue du cornet et des trompettes, Jonas Westergaard de la basse et Stefan Pasborg, de la batterie et des percus. Un quartet donc, c’est leur troisième et dernier album, enregistré à Copenhague, après ça chacun suivra sa route…

Encore une musique que l’on pourrait qualifier de free-bop, une classification qui va bien et permet de cerner un genre qui puise chez Ornette Coleman et Don Cherry, tout en incluant un discours plus avancé. Bien que ces gars n’aient laissé que peu de traces, l’album est foutrement bon.

Enfin, il plaira aux amateurs de ce style qui devraient s’y retrouver. Toutes les compos sont signées par les musiciens du groupe, tous s’y mettent sauf Pasborg, visiblement exempté, le plus prolixe est Innanen qui signe six des dix compos.

C’est une musique souvent réjouissante et volubile, elle semble aimer ce côté pêchu qui va bien, fort à parier qu’en concert elle prenait bonne mesure et éclatait tel un fruit juteux et bien mûr. Les souffleurs sont vraiment remarquables et donnent toute leur mesure sur les pièces échevelées, bien qu’ils aiment également traîner et se prélasser sur les titres plus lents, comme « Green Side up-The Geography of Breakfast » ou « Brederode Bolero ».

C’est ainsi que Delirium rassemble des structures musicales qui semblent tout devoir à la tradition, qu’il secoue et remue en les associant avec une démarche plus moderne de déconstruction comme on peut l’entendre parfois chez l’Art Ensemble of Chicago, par exemple.

C’est ainsi une grande partie de l’histoire du jazz qui est interrogée, ceux-là semblent connaître leur sujet sur le bout des doigts, ça s’entend avec clarté, le bagage est bien là, prêt à s’ouvrir si le besoin s’en fait sentir. L’album se ferme sur « North American Territory Suite », un titre de Jonas Westergaard où les racines de cette musique remontent à la façon d’un vieil air folk-blues qui pleure et avance avec circonvolution, avant de se renforcer et de s’affirmer.

The Coda of Ornette Coleman's Blues Connotation and Other Sources of Inspiration


The Blues in Yellow Room


Brederode Bolero


North American Territory Suite
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 16 août 2023 10:04

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Tom Prehn Quartet – Centrifuga & Solhverv (2021)

La date indiquée, deux mille vingt et un, est celle de la mise à jour, aux yeux du monde, de cette pépite enterrée et exhumée par le label « Corbett VS Dempsey », d’authentiques passionnés. Il faut remercier également Mats Gustafsson qui œuvra pour la reconnaissance de Tom Prehn auprès des spécialistes dans un premier temps et du public, enfin. Il écrit également les notes de ce précieux volume.

Il faut dire que le Danemark est historiquement une terre du free jazz, les pionniers Ornette Coleman, Cecil Taylor et Albert Ayler ont en effet joué et enregistré au célèbre Café Montmartre de Copenhague, au tout début des années soixante, alors que cette musique était « pourchassée », de telle sorte que le Danemark devint une sorte de refuge à cette musique souvent incomprise.

Tom Prehn est au piano, Fritz Krogh au sax ténor, Poul Ehlers à la basse et Finn Slumstrup à la batterie. La première pièce, « Centrifuga », a été enregistrée les trois et quatre août soixante-quatre dans le chalet d'été de Tom Prehn près d'Aarhus, au Danemark. Cette session était parue sur un enregistrement privé, quelques très rares copies, moins nombreuses que les doigts d’une seule main.

Tout comme « Solhverv », une suite en quatre parties, enregistrée au même endroit, du deux au cinq janvier soixante-cinq. Il est heureux désormais que ces enregistrements soient mis à la disposition du public, à l’écoute, cette musique apparaît étonnamment moderne, bien qu’elle ait déjà soixante ans, seule la prise de son d’époque peut la dater un peu, car pour le reste elle aurait pu être jouée hier.

« Centrifuga » dure un peu plus de quarante-quatre minutes qui passent très rapidement. Il faut dire qu’une telle pièce était trop longue pour figurer sur un enregistrement de cette époque-là, du coup la présence de ce Cd a quelque chose de miraculeux, car c’est vraiment très bon, très au niveau et comparable avec ce qui venait des Etats-Unis, on pense beaucoup à Cecil Taylor comme sur « Solhvery3 » !

« Solhverv » est une suite de trente-cinq minutes environ, en quatre parties, les trois premières tournent autour des onze minutes, ce qui fait un ensemble équilibré, avec un final. Ce qui peut surprendre c’est que la carrière discographique de Prehn soit réduite à ces raretés et qu’il ne se soit pas fait connaître plus tard, mais il est vrai que la pop et le rock ont tout balayé !

Il est probable que ce soit le destin de nombreux musiciens du monde entier, dont la musique s’est tue, en même temps que leur vie s’est arrêtée, car les musiciens de qualité ne sont pas si rares sur cette Terre, comme en témoigne cet incroyable album, plein d’une musique qui devait sembler si étrange à l’époque où elle fut jouée, et pourtant magnifique et belle aux oreilles d’aujourd’hui…

Pour mémoire je vous avais présenté un album de Tom Prehn, « Axiom » au tout début de ce fil, page cinq, c’est bref, mais je le remonterai…

Tom Prehn's Kvartet – Centrifuga
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 16 août 2023 10:09

Douglas a écrit :
mar. 22 oct. 2019 09:08
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Cet album a été enregistré fin 63 par le groupe Danois du pianiste Tom Pehn qui est sous l’influence d’Albert Ayler et de Cecil Taylor qui parcourent alors la Scandinavie. Frits Krogh le saxophoniste est énorme, poussé par le trio rythmique qui pulse avec entêtement. Le batteur Finn Slumstrup est dantesque lui aussi et le bassiste Poul Ehlers n’est pas en reste. Hélas l’album qui contenait les deux versions d’Axiom ne paraîtra pas, il faudra attendre cette réédition de 2015 augmenté du troisième titre « Percussive Anticipations » qui date de 66. Avec le recul un truc énorme a échappé aux radars de l’époque, c’est vraiment regrettable car, à l'écoute, on mesure que certains groupes européens sont très en phase avec leurs homologues étasuniens.
Depuis l'album est arrivé sur le tube:

Tom Prehn Quartet ‎– Axiom


Bon allez! c'est pas tout ...
:voiture:
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » mer. 23 août 2023 08:05

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J'ignorais que Philip Catherine (le guitariste Belge, pas le collectionneur d'étron) avait taté de chez le label ACT, ici en duo avec le contrebassiste Martin Wind

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Pablitta » mer. 23 août 2023 09:54

Douglas a écrit :
sam. 12 août 2023 17:50

Horace Tapscott – The Dark Tree Volume 2 (1991)

Tout le monde le sait à Landerneau, qu’Horace il est costaud

Jusqu’à Pancran, Plouédern ou au P’tit St.Eloi ça se sait, et ça se dit que Tapscott, il a la foi

A Saint Pabu, Saint Renan ou Brest, Tout le monde le reconnait : c’est lui « The Best »

(...)
:gratzzz:
Tu inaugures un commentaire d'un nouveau genre, Douglas ? :hehe:

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Harvest » jeu. 24 août 2023 16:08

Douglas a écrit :
mar. 15 août 2023 01:30
Image

Fred Frith – Speechless (1981)

Un album un peu fou-fou, un brin déjanté qui s’en va dans tous les sens. Il se passe toujours quelque chose ici, mais c’est fouillis, touffu, difficile à suivre. Non pas qu’il y ait un manque de cohérence, ou un aspect bordélique, ou encore un laisser-aller coupable, non, non, rien de tout ça, ce serait plutôt « trop » riche, des idées à toutes les étapes, une créativité continuelle et sans limite qui frôle avec le trop plein, de quoi vous faire perdre la tête et vous enivrer…

Afin de mieux s’y retrouver, on peut noter trois étapes importantes de l’album, mais déjà précisons qu’il est sorti d’abord en vinyle, puis en réédition Cd, augmentée de six titres. La face A serait comme une première partie sur laquelle Fred Frith est entouré par Etron Fou Leloublan, cette partie est géniale.

La seconde, un peu différente, mais pas trop, est jouée en compagnie du groupe Massacre, dont je vous ai déjà détaillé la discographie, pour résumer vite, disons que cette partie, avec quelques invités de passage, est également géniale. Pour ce qui concerne les bonus, tout ce qu’on peut en dire c’est qu’ils sont géniaux également. Ce court résumé indique à quel genre d’albums on a affaire.

Je passe sur les différents lieux d’enregistrements, studio, live de différents concerts, pour parler plutôt du contenu : des collages nombreux, du folk en pagaille, qui va et qui vient, des références, ici ou là, de musique ethnique, des plages vives et d’autres calmes, paresseuses, parfois avec de l’humour, c’est vrai on rit par ici…

C’est un peu expérimental, mais pas trop, plutôt aux côtés de Massacre, mais ça n’effraie personne, c’est bucolique de temps en temps, avec des tonnes d’impros, mais des danses également, un patchwork inextricable avec des extraits audios venus de toute part, collés, assemblés, transformés : gros taf au niveau du studio !

C’est une véritable aventure créative à laquelle nous sommes invités, il suffit de s’y brancher et de se laisser porter pour participer à l’un des voyages les plus étonnants qui soit. Le répertoire sonore qui défile ne cesse de faire référence à tout un monde folk, jazz, rock ou progressif, réveillant notre mémoire sensoriel et nous maintenant éveillé en permanence, de quoi bien s’échapper de notre environnement ambiant pour une bonne heure hors du temps…

Fred Frith - A Split in the Ocean


Fred Frith - Navajo


Fred Frith - Kick the Can (part 1)


Fred Frith - Domain de Planousset


Fred Frith - Laughing Matter / Esperanza
Je possède cet album depuis sa sortie. Étron Fou obligeait à l’achat. Mais tout est bon, évidemment.

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